Martin Werlen: «J’ai évoqué le rêve de voir Sr Brambilla nommée cardinal»
L’ancien abbé d’Einsiedeln, Martin Werlen, s’est prononcé le 7 août 2025 en faveur de la nomination d’une première femme cardinal. Il estime que cela est tout à fait logique, alors que la Sœur Brambilla est devenue préfète d’un dicastère. Il cite même une deuxième candidate, Sœur Raffaella Petrini, «numéro 1» du Gouvernorat de l’État de la Cité du Vatican.
Regula Pfeifer/ kath.ch – Traduction et adaptation: Bernard Hallet
Pourquoi demandez-vous la nomination d’une première femme cardinal précisément maintenant?
Martin Werlen: Je n’ai rien à demander. Je n’ai rien demandé. Lors de la table ronde organisée dans le cadre des Semaines universitaires de Salzbourg sur le thème «Une Église qui laisse plus de place à la vie?», qui abordait également la question des femmes, j’ai évoqué mon rêve de voir Sœur Simona Brambilla figurer parmi les prochains cardinaux nommés.
Vous proposez également une femme, Sœur Simona Brambilla, la préfète du Dicastère pour les Ordres religieux. Pourquoi elle?
Habituellement, les chefs des dicastères, c’est-à-dire les préfets, sont nommés cardinaux. Pour la première fois dans l’histoire de l’Église, une femme est à la tête d’un dicastère, c’est-à-dire une préfète. Il serait donc logique qu’elle soit nommée cardinal.

Connaissez-vous personnellement Sœur Brambilla?
Je ne la connais pas personnellement. Mais je conserve précieusement une lettre qu’elle m’a envoyée, signée «Sr Simona Brambilla, M.C. Préfète». Il s’agissait d’une réponse à des suggestions de modifications du droit canonique concernant la vie religieuse. À mon avis, l’importance historique de cette nomination par le pape François n’a pas été suffisamment soulignée. C’était une étape importante. J’aimerais également mentionner Sœur Raffaella Petrini, qui est cheffe du gouvernement de la Cité du Vatican depuis le 1er mars 2025.
Les religieuses sont-elles particulièrement aptes à occuper des fonctions dirigeantes au sein de l’Église?
Il va de soi que les religieuses qui assument des tâches dirigeantes au sein de leur communauté sont préparées à assumer des tâches dirigeantes dans d’autres domaines de l’Église.

Ne faudrait-il pas d’abord nommer des femmes prêtres et évêques avant de prendre la décision de nommer une femme cardinal?
À mon avis, la nomination d’une femme cardinal est une étape plus importante pour changer la culture. Elle fait partie du cercle restreint des conseillers du pape, qui élira également le prochain pape. Plus il y aura de femmes engagées dans la direction de l’Église à Rome, plus les femmes seront reconnues et appréciées au sein de l’Église.
«À mon avis, la nomination d’une femme cardinal est une étape plus importante pour changer la culture.»
Dans quelle mesure pensez-vous que le pape Léon soit capable de nommer une femme cardinal?
Le pape Léon connaît le droit canonique, c’est sa spécialité. Avant le droit canonique de 1917, même les non-prêtres pouvaient être nommés cardinaux. Theodulf Mertel (1806-1899) fut le dernier cardinal non prêtre – nommé par le pape Pie IX – après avoir été ministre de l’Intérieur et de la Justice. Il participa également au conclave lors duquel Léon XIII fut élu. Il couronna d’ailleurs Léon XIII avec la tiare, selon le rite de l’époque.
Il existe aujourd’hui plusieurs cardinaux qui ne sont pas évêques (voir encadré). Léon XIV est également au courant de tout cela. Ainsi, lors de la prochaine nomination cardinalice, deux femmes pourraient figurer sur la liste: Sœur Simona Brambilla et Raffaella Petrini. J’en serais très heureux. Paolo Ruffini, le premier préfet d’une autorité de la Curie qui n’est pas prêtre, en fait également partie. Il est préfet du Dicastère pour la communication depuis 2018. Ce serait un signe fort que l’Église est une pèlerine de l’espoir. (cath.ch/kath.ch/rp/bh)
Le cardinalat n’a jamais été ouvert aux femmes. Généralement, ce sont les évêques qui sont créés cardinal. Ils doivent être «remarquables par leur doctrine, leurs mœurs, leur piété et leur prudence dans la conduite des affaires» (Can.351). François a cependant déjà confié à plusieurs reprises la barrette cardinalice à des prêtres, parmi lesquels Timothy Radcliffe (en décembre 2024). Le droit canonique affirme que peut devenir cardinal tout homme constitué «au moins dans l’ordre du presbytérat» (can.351). Le droit canonique demande désormais que les prêtres désignés pour devenir cardinaux reçoivent la consécration épiscopale. Il y a toutefois des cas exceptionnels où le cardinal ne reçoit pas l’ordination épiscopale: s’il a plus de 80 ans. Le dernier en date est le cardinal Raniero Cantalamessa, créé cardinal le 28 novembre 2020.
Un homme peut aussi être créé cardinal sans que personne ne le sache, lui non plus dans certains cas. Il est alors cardinal «in pectore», c’est-à-dire que le pape décide, souvent pour des raisons de prudence politique, de ne pas dévoiler son nom. BH