Paul de Sinety a voulu mettre ses pas dans ceux du Christ
De Paris à Jérusalem 4500 kilomètres à pied
Jean Claude Noyé, pour l’agence APIC
Paris, 20 octobre 1999 (APIC) L’approche du Jubilé de l’an 2000 a remis en honneur la démarche du grand pèlerinage. Si les pèlerins de Compostelle ou de Rome sont nombreux ceux qui sont allés à pied à Jérusalem sont nettement plus rares. Paul de Sinety est l’un d’entre eux. Il raconte dans un livre son périple de 4500 km à travers six pays, de l’Allemagne à la Turquie. Rencontre avec ce pèlerin de l’absolu âgé de 27 ans.
«J’avais l’impression de tourner en rond et un sentiment d’enfermement. J’ai voulu faire à la fois une expérience directe et radicale du monde et une expérience spirituelle à travers les rencontres à venir, dans le dépouillement intérieur», confie Paul de Sinety autour d’une bière, dans une brasserie parisienne. Le seuil de la trentaine pas encore franchi, l’homme sait ce qu’il veut : depuis 1993, il édite avec des amis une revue littéraire trimestrielle, «L’Oeil de Bœuf», dans laquelle il présente l’oeuvre d’écrivains vivants Déjà auteur d’un ouvrage sur le père jésuite Pierre Ceyrac, un missionnaire d’exception, il entend s’essayer au roman et à la poésie. Pari difficile que celui de vouloir vivre de sa plume. Mais Paul ne manque pas de courage.
Au retour de son itinérance pédestre, longue de sept mois entre décembre 1995 et juillet 96, une carriole à deux roues chargée d’un maigre bagage à bout de bras et deux lettres de recommandation en poche – «je ne les ai guère utilisées pour ne pas forcer la main à ceux qui m’hébergeaient» -, le voici enrichi d’une «foi plus incarnée». «On ne peut rencontrer Dieu qu’à travers les hommes. Mais quand on se met vraiment à rechercher l’autre et l’Autre (le Christ), on le trouve».
Presque un credo, doublé d’une espérance très forte : «On évoque beaucoup la crise dans laquelle le monde est plongé. Mais après cette expérience, il m’apparaît que l’homme et le monde sont évidemment bons, pour peu que l’on ouvre son coeur. La ligne d’horizon, c’est d’arriver à trouver Dieu en toute chose. Au fond, Jérusalem est une recherche de tous les jours.»
Des expériences marquantes ? «Plus on va à l’est, plus on va vers les pauvres et mieux on est reçu. Je dormais chez des princes : des princes qui n’ont presque rien. C’est bouleversant. Par contraste, en Allemagne un prêtre a loué une chambre pour moi à l’hôtel au motif qu’il était indisponible. Dans nos pays riches, on accorde l’hospitalité mais à condition qu’elle ne nous engage pas.» Pour se donner du coeur à l’ouvrage et aller sans relâche, toujours plus loin, toujours plus sur les pas du Christ, notre pèlerin des marches de l’Est – «je voulais passer par ces régions que les pèlerins ne visitaient plus sous le communisme» – a longuement prié le rosaire : «Un rosaire à moi. Je marchais pour les autres, en mettant un visage derrière chaque grain du chapelet, notamment les visages de ceux et celles rencontrés sur ma route.»
Féconde au plan spirituel, l’expérience l’est aussi au plan de l’écriture puisque Paul l’a racontée -entièrement de mémoire – sous la forme d’un journal «L’amour des voyageurs : Nouvel itinéraire de Paris à Jérusalem» paru aux éditions Baland. Modeste, l’homme ne boude néanmoins pas son plaisir. (apic/jcn/mp)