Genève: les négociations sur la pollution plastique ont échoué
Les 183 pays réunis à Genève ont échoué à se mettre d’accord, dans la nuit du 14 au 15 août 2025, sur un texte contraignant pour lutter contre une pollution plastique qui va empirant. «Nous n’aurons pas de traité sur la pollution plastique ici à Genève», a résumé le représentant de la Norvège au cours d’une séance plénière, tôt ce vendredi.
Théoriquement, la séquence de négociations CNI5-2, qui a débuté à Genève le 5 août, devait s’arrêter à minuit ce 14 août.
Un peu plus tôt, l’Inde et l’Uruguay avaient souligné l’incapacité des négociateurs «à trouver un consensus», détaille RTS Info. Présenté au milieu de la nuit de jeudi à vendredi un nouveau texte de compromis comportait encore plus d’une centaine de points à clarifier, après dix jours d’intenses négociations. Mais les chefs de délégation réunis en session informelle n’ont pas réussi à se mettre d’accord.
Pas d’horizon pour la suite des négociations
L’avenir des négociations n’était pas clair dans l’immédiat. L’Ouganda a demandé une nouvelle session de négociation à une date ultérieure et la Commissaire européenne à l’environnement, Jessika Roswall a estimé que Genève avait permis d’établir «une bonne base» pour une reprise des négociations.
Le diplomate équatorien Luis Vayas Valdivieso, qui présidait déjà aux négociations lors de l’échec de la précédente séquence diplomatique en Corée du Sud à Busan fin 2024, devrait donner une brève conférence de presse, selon les services onusiens. Sa méthode et le processus de négociations ont été sévèrement critiqués tout au long de la séquence diplomatique de Genève, mais souvent de manière anonyme.
La «déception» de la délégation suisse
La Suisse n’aura donc pas son Accord de Genève contre la pollution plastique. Vendredi matin devant les autres Etats, son chef négociateur Felix Wertli a relayé la «déception» de sa délégation. Et il demande une «pause» pour réfléchir à la suite des négociations. «C’est un moment difficile», a admis le chef des affaires internationales de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV). «Nous avons obtenu des avancées», ajoute-t-il. «Mais il manquait les étapes significatives qui étaient requises» pour un traité qui puisse œuvrer contre la pollution plastique, selon lui.
Greenpeace dénonce l’industrie pétrochimique
«L’incapacité à parvenir à un accord à Genève doit être un signal d’alarme pour le monde entier: mettre fin à la pollution plastique signifie s’attaquer de front aux intérêts des énergies fossiles. La grande majorité des gouvernements veulent un accord fort, mais une poignée d’acteurs mal intentionnés ont été autorisés à utiliser le processus pour réduire à néant cette ambition», déplore Joëlle Hérin, experte consommation et économie circulaire chez Greenpeace Suisse.
Elle fustige l’attitude des représentants de l’industrie pétrolière durant les négociations: «La crise du plastique s’accélère et l’industrie pétrochimique est déterminée à nous sacrifier au profit de leurs intérêts à court terme. Ce n’est pas le moment de battre en retraite. C’est le moment d’être courageux, déterminés et persévérants.» (cath.ch/ag/bh)