Le voyage en Terre Sainte des évêques français, signe d'une nouvelle solidarité
Le voyage en Terre Sainte de la délégation de la Conférence des évêques de France (CEF) a débuté par une messe, dimanche 17 aout 2025, à Taybeh. Un geste important. Le cardinal Jean-Marc Aveline, son président, a lancé ensuite, deux jours plus tard, depuis les locaux du Patriarcat latin de Jérusalem, un appel pour la reprise des pèlerinages «avec une nouvelle mentalité».
Une délégation de la Conférence des évêques de France s’est rendue en Terre Sainte, du 16 au 20 août, afin «de manifester le soutien des catholiques français aux communautés chrétiennes et aux acteurs de paix locaux». Accompagné des deux vice-présidents de la CEF, soit Mgr Benoît Bertrand, évêque de Pontoise, et Mgr Vincent Jordy, archevêque de Tours, Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, a rendu visite à plusieurs communautés religieuses de Cisjordanie pour leur apporter un soutien spirituel, matériel et fraternel.
Une messe à Taybeh, village persécuté
Les évêques Français se sont d’abord rendus à Taybeh, l’ancienne Éphraïm biblique où Jésus aurait résidé un temps avec ses disciples après la résurrection de Lazare, selon l’Évangile de Jean (11,54). Les habitants de ce village totalement chrétien, situé à une trentaine de kilomètres de Jérusalem, sont régulièrement victimes de violences de colons israéliens.
Le 8 juillet 2025, dans une déclaration commune, les prêtres des trois confessions chrétiennes de Taybeh – latine, grecque orthodoxe et grecque-catholique melkite – ont dénoncé ces attaques et interpellé la communauté internationale. La veille, des colons avaient déclenché un incendie aux abords du cimetière et de l’église byzantine Saint-Georges en cours de restauration. Les ruines de cet édifice religieux du Ve siècle, l’un des plus anciens de Palestine, avait inspiré à saint Charles de Foucauld 45 pages de ses Écrits spirituels. Le moine ermite, en effet,s’était rendu à Taybeh en 1898 pour une retraite de Carême.

Écouter pour mieux agir et aider
L’appel des trois curés de la ville a semble-t-il été entendu par les évêques français. Le 17 août, la délégation de la CEF les a rencontrés et a célébré la messe avec eux. Elle a ensuite rendu visite à la communauté monastique bénédictine d’Abu Gosh, puis s’est rendue à Bethléem et au Patriarcat latin de Jérusalem. Un temps d’échange avec les communautés francophones de la Ville sainte y a été organisé.
«Nous voulons écouter pour mieux comprendre, puis agir avec vous», leur a lancé le cardinal Aveline. Les représentants des communautés chrétiennes, pour leur part, ont dressé un panorama des difficultés qu’elles rencontrent à Jérusalem depuis le début de la guerre à Gaza, a rapporté le journal La Croix: défis économiques, absence des pèlerins, chrétiens minoritaires, manque de perspectives pour la jeunesse, désir de partir…
Le 19 août, le cardinal Aveline s’est aussi entretenu au téléphone avec le Père Gabriel Romanelli, le curé de Gaza. Celui-ci vient de recevoir de l’armée israélienne l’ordre d’évacuer le quartier, et donc sa paroisse où sont réfugiés près de 600 Gazaouis. Les bombardements se sont intensifiés autour de lui ces derniers jours.
Pour une «conversion» des pèlerinages
Ce voyage en Terre Sainte marque sans conteste un tournant dans la façon dont l’Église de France perçoit aujourd’hui la situation en Terre Sainte. Le cardinal Aveline a repris le 1er juillet 2025 la présidence de la Conférence des évêques de France. Pour cet évêque tourné vers la Méditerranée, se rendre en Terre Sainte était une priorité. «C’était notre première décision. Nous n’avons pas encore réuni le conseil permanent, mais le premier geste que nous devions poser était de nous rendre ici», a-t-il affirmé.

Pour l’archevêque de Marseille, l’Église doit encourager le retour progressif de pèlerins s’intéressant véritablement aux chrétiens et aux autres habitants de Terre Sainte. Des pèlerins attentifs au fait qu’il y a dans ce pays des chrétiens qui ne peuvent pas faire eux-mêmes ces pèlerinages. Il a appelé à une «conversion» des pèlerinages, pour qu’ils soient entrepris «non pour améliorer le confort personnel de sa foi mais pour vivre une solidarité ecclésiale profonde».
Selon le cardinal Aveline, rapporte Vatican News, il en va de la responsabilité particulière de toute l’Église vis-à-vis de l’Église mère de Jérusalem. «La clé de lecture principale est politique, mais il y a une clé de lecture spirituelle et c’est la responsabilité des chrétiens que de l’appliquer. Cela concerne le mystère de l’Église et de la Passion.»
Le voyage de la délégation française doit se conclure le 20 août, avec un passage sur la place des Otages de Tel-Aviv. (cath.ch/vn/lacroix/lb)