Le Tessin veut introduire l’obligation de dénoncer les abus dans l’Église
Suite à la récente condamnation d’un prêtre pour actes sexuels avec des enfants, le Grand Conseil tessinois (législatif) prévoit de discuter en septembre 2025 de l’introduction d’une obligation pour les autorités ecclésiastiques de signaler les cas d’abus commis par le clergé.
Le prêtre R. L., du diocèse de Lugano, âgé de 56 ans, a été condamné le 14 août 2025 à 18 mois de prison avec deux ans de sursis pour des actes sexuels avec des mineurs, des personnes incapables de discernement ou de résistance. Une sentence jugée par beaucoup trop clémente et qui a provoqué des remous au Tessin.
La procureure Valentina Tuoni a déjà réalisé une première étape de la procédure d’appel du jugement, rapporte le Corriere del Ticino (CdT) le 18 août. Le journal relève également des réactions dans le monde politique, «à tel point que dans quelques mois, le Parlement pourrait déjà se trouver à discuter de l’introduction, dans la loi sur l’Église catholique, de l’obligation pour les autorités ecclésiastiques de signaler les délits commis par des membres du clergé.» À noter que dans le droit suisse, il n’existe pas d’obligation générale de dénoncer des agissements criminels par les personnes privées.
Dénonciation tardive
La polémique vient également de la révélation selon laquelle le diocèse de Lugano, alors qu’il était sous la direction de Mgr Valerio Lazzeri, était au courant dès 2021 des accusations contre le prêtre. Le cas n’a été traité par la justice qu’après qu’un jeune homme ait signalé, en février 2024, au Ministère public et à l’administrateur apostolique du diocèse de Lugano, Mgr Alain de Raemy, le comportement inapproprié du prêtre à son égard.
Mgr de Raemy favorable à la nouvelle loi
Dans une lettre ouverte adressée à la Commission Constitution et lois, les députés du Grand Conseil Giuseppe Sergi et Matteo Pronzini ont demandé à leurs collègues d’accélérer la discussion sur leur initiative parlementaire – déposée en septembre 2024 – visant à introduire l’obligation de signalement dans la loi sur l’Église catholique. Une mesure que le Conseil d’État avait qualifiée le 30 avril dernier «d’indispensable».
La députée de l’UDC Lara Filippini travaille actuellement sur le rapport de la commission favorable à cette introduction. Elle a confirmé au CdT l’intention de présenter le projet de rapport à la commission au cours du mois de septembre 2025. Mgr de Raemy, s’est également déclaré favorable à l’obligation de dénonciation. Tout laisse donc présager que la proposition sera acceptée par le législatif cantonal dans quelques mois.
Le prêtre R. L. fait l’objet d’une enquête canonique et d’une série d’évaluations concernant son prochain lieu de résidence. La Cour lui a interdit à vie d’exercer toute activité impliquant un contact régulier avec des mineurs. (cath.ch/cdt/arch/rz)