Cardinal Sarah: «Je regarde avec confiance vers Léon XIV»
Le cardinal Robert Sarah, préfet émérite du dicastère pour le Culte divin, a salué, sur le média Avvenire, les premiers mois de pontificat de Léon XIV. Le Guinéen réputé conservateur se réjouit notamment de la «considération avisée» que porte le pape à la tradition.
«Léon XIV fait resurgir la centralité incontournable du Christ, la conscience évangélique que ‘sans Lui, nous ne pouvons rien faire’: ni construire la paix, ni édifier l’Église, ni sauver notre âme», assure le cardinal Sarah au média italien Avvenire (12 septembre 2025). «De plus, il me semble qu’il porte une attention intelligente au monde, dans un esprit d’écoute et de dialogue, toujours avec une considération avisée de la tradition», note le prélat guinéen.
Le cardinal de 80 ans est souvent considéré comme l’un des chefs de file de la frange conservatrice de l’Église. Bien que respectueuses, ses relations avec le pape François ont parfois été houleuses, l’ancien préfet pour le Culte divin et la discipline des sacrements n’hésitant pas à critiquer certaines décisions du pontife argentin.
Ne pas surinterpréter les signes
Alors que François avait décoché quelques flèches contre le milieu traditionaliste, notamment contre la forme extraordinaire du rite, le positionnement de Léon XIV dans ce domaine est l’objet d’une grande attention. L’autorisation d’une messe tridentine dans la basilique St-Pierre, en octobre prochain, a notamment été vu comme un important gage envers les traditionalistes.
Pour autant, Robert Sarah appelle à ne pas donner trop d’importance à ces signes. «Il serait erroné d’interpréter l’attitude du pape Léon à partir, par exemple, de la mozette que le nouveau pontife a portée dès son entrée en fonction». Le cardinal remarque que cet attribut vestimentaire est porté de façon habituelle par les papes. L’étonnement par rapport à cela a peut-être résulté du fait que François ne la portait pas.
Contre une tradition «momifiée»
Le Guinéen appelle à »dépasser une approche idéologique qui a favorisé deux visions de l’Église s’alimentant l’une contre l’autre. D’un côté, il y a ceux qui voudraient effacer et renier la tradition au nom d’une ouverture-assimilation inconditionnelle au monde et à ses critères de jugement. De l’autre, ceux qui considèrent la tradition comme quelque chose de cristallisé et de momifié qui échappe à tout processus fécond de l’histoire.»
Le cardinal rappelle que la mission de l’Église est unique et qu’elle doit être accomplie dans un esprit de communion totale, même si ses charismes sont divers.
«Interdire» un rite millénaire?
Il accueille ainsi favorablement les signaux positifs pour le rite pré-conciliaire sous le pontificat de Léon XIV. «Au fil des siècles, la diversité des rites célébrant l’unique sacrifice eucharistique n’a jamais posé de problème à l’autorité, car l’unité de la foi était claire. Au contraire, je considère que la variété des rites dans le monde catholique est une grande richesse (…) Je me demande si l’on peut ‘interdire’ un rite millénaire. Enfin, si la liturgie est aussi une source pour la théologie, comment interdire l’accès aux ‘sources anciennes’?» (cath.ch/avvenire/arch/rz)