Malgré la dimension religieuse, ce n’est pas une guerre de religion

Timor: Le Vatican pour l’envoi rapide d’une force d’intervention

Rome/Paris, 15 septembre 1999 (APIC) Le Vatican plaide pour l’envoi rapide d’une force d’intervention au Timor Oriental. Le Saint-Siège, par la bouche de son «ministre des Affaires étrangères», a toutefois souligné mercredi dans «La Croix» que même si la dimension religieuse existe dans le conflit qui ensanglante l’ancienne colonie portugaise, «l’actuelle crise n’est pas une guerre de religion». Mgr Tauran a par contre déploré le mutisme des personnalités musulmanes face aux massacres de chrétiens et à la destruction des œuvres de l’Eglises à Timor Est.

Dans une interview publiée mercredi 15 septembre par le quotidien catholique «La Croix» à Paris, Mgr Jean-Louis Tauran, secrétaire pour les relations du Saint-Siège avec les Etats, se réjouit de la disponibilité exprimée par le président indonésien Jusuf Habibie à autoriser le déploiement d’une force de paix.

«Le Saint-Siège a toujours insisté, depuis le début de la crise, pour l’envoi d’une force de ce type, la seule capable de mettre un terme au massacre et d’établir un minimum d’ordre et de sécurité sur le territoire». Lors de la rencontre de Mgr Tauran lundi avec l’administrateur apostolique de Dili, Mgr Belo, ce dernier a d’ailleurs insisté pour que cette force arrive le plus tôt possible: «C’est une question d’heures, car les tueries continuent ainsi que les violences de toutes sortes.»

Interrogé sur le rôle de la communauté internationale et le processus d’indépendance de Timor Est, le ministre des Affaires étrangères du Vatican a relevé que l’Indonésie reconnaît le résultat du référendum qui a donné la victoire aux partisans de l’indépendance. «Ce vote a été surveillé par la communauté internationale, qui s’est engagée à en garantir les effets. Donc, je pense qu’aucune instance n’a le droit de dire et de faire comme si ce choix populaire n’existait pas.»

Mgr Tauran regrette une «certaine lenteur» de la communauté internationale et son incapacité à trouver des mécanismes internationaux rapides pour prévenir et résoudre des drames de cette ampleur. «C’est là un problème qui interpelle les responsables politiques comme les juristes: comment équiper l’ONU pour qu’elle répondre efficacement à ce genre de situation ?», déclare-t-il au correspondant du quotidien «La Croix» à Rome.

La communauté internationale et Timor: deux poids et deux mesures

Le haut responsable du Vatican considère qu’»il est quand même triste de penser que ce millénaire se sera terminé avec des déportations et des massacres de populations civiles qui auraient pu être évités si les responsables politiques et les mécanismes de collaboration internationale appliquaient de manière uniforme et partout le droit et les diverses dispositions juridiques pertinentes. On a trop souvent l’impression que – selon les intérêts des uns et des autres – il y a deux poids et deux mesures».

Personnalités musulmanes muettes face aux massacres et aux destructions d’églises

Le ministre des Affaires étrangères du Vatican a relevé que les graves événements au Timor Oriental ne pouvaient pas être qualifiés de «guerre de religion» malgré l’existence d’une dimension religieuse. Il a cependant confié sa déception face aux mutisme des personnalités religieuses musulmanes, dont «aucune n’a élevé la voix pour condamner les massacres des chrétiens et la destruction systématique des œuvres de l’Eglise à Timor». Alors que Jean Paul II a été «l’audacieux défenseur des droits de l’homme lorsque les musulmans de Bosnie-Herzégovine connaissaient le même sort.» «Cela donne à réfléchir!», lance-t-il.

Pourtant, même si l’Eglise paie très cher sa solidarité avec le peuple timorais, «elle redoublera ses efforts pour continuer à favoriser le dialogue et la réconciliation qui se fondent sur la justice et le partage.» (apic/cx/be)

15 septembre 1999 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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