Le Vatican félicite Sarah Mullally, élue Primat de l'Église anglicane
Le cardinal Kurt Koch, préfet du dicastère pour la Promotion de l’unité des chrétiens, a adressé ses félicitations pour sa nomination à l’évêque de Londres, Sarah Mullally, désignée vendredi 3 octobre archevêque de Canterbury. Elle devient ainsi la première femme à prendre la direction de l’Église d’Angleterre.
Le roi Charles III, gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre, a approuvé la nomination de Sarah Mullally au poste de 106ème archevêque de Canterbury. Jusqu’alors évêque de Londres, elle sera la première femme à occuper cette fonction. Son installation à la cathédrale de Canterbury est prévue en mars 2026.
La Commission des nominations de la Couronne pour Canterbury a désigné l’évêque Mullally à l’issue d’un processus de consultation publique et de discernement dans la prière qui a débuté en février 2025. La Commission comprenait des représentants de l’Église d’Angleterre, de la Communion anglicane et du diocèse de Canterbury.
Agée de 63 ans, devenue chrétienne à l’âge de 16 ans, ancienne infirmière, mariée et mère de deux enfants, Sarah Mullally est la première femme nommée à la tête de l’Eglise anglicane. Personnalité très engagée dans les questions de société, elle sera la cheffe spirituelle de la Communion anglicane qui compte quelque 85 millions de fidèles dans le monde.
Des Eglises anglicanes africaines expriment leur «tristesse»
Nombre d’évêques anglicans africains s’opposent à leurs confrères britanniques sur les questions sociétales, notamment la reconnaissance des droits des homosexuels et LGBT. Stephen Samuel Kaziimba Mugalu, archevêque de l’Église anglicane ougandaise, a déploré les «positions non bibliques sur la sexualité et le mariage homosexuel» de la nouvelle primat de la Communion anglicane.
La Communion mondiale des anglicans confessants GAFCON (Global Anglican Future Conference), un groupe international d’Églises anglicanes conservatrices, s’est fortement opposée à la sélection de Mullally comme archevêque de Cantorbéry. L’évêque Laurent Mbanda, président de la GAFCON et primat de l’Église anglicane du Rwanda, a déclaré dans un communiqué au nom du groupe que la nomination de Mullally «rend plus clair que jamais que Cantorbéry a renoncé à son autorité pour diriger».
Des oppositions également au sein de l’Eglise d’Angleterre
L’approbation des bénédictions homosexuelles «reste très controversée au sein de l’Église d’Angleterre et lui a valu d’être qualifiée de libérale sur le plan théologique», estime Christopher Brittain, doyen de la faculté de théologie et professeur d’études anglicanes au Trinity College de l’Université de Toronto. Parmi «les anglo-catholiques traditionnels et les évangéliques de l’Église d’Angleterre, beaucoup la considéreront avec suspicion en raison de cette position», a-t-il ajouté.
Le statut de Mme Mullally en tant que première femme archevêque de Cantorbéry pourrait également poser problème, a-t-il ajouté, car de nombreux anglicans, tant au sein de l’Église d’Angleterre que dans toute la Communion anglicane, continuent de s’opposer à l’ordination des femmes.
Opposée à l’aide médicale à mourir
Experte en matière de santé et de protection sociale, elle est devenue une opposante affirmée à la législation proposée permettant l’aide médicale à mourir. Sarah Mullally a également siégé au sein du Groupe de pilotage national de la protection de l’Église d’Angleterre, qui supervise la manière dont l’Eglise protège les enfants et les personnes vulnérables contre les abus au sein de l’Eglise.
Solidité du dialogue théologique entre Rome et Canterbury
Dans une lettre adressée à l’évêque Mullally, le cardinal Kurt Koch a exprimé le soutien de l’Église catholique à son nouveau ministère. «Ayant appris votre nomination, je vous écris pour vous féliciter et vous exprimer les meilleurs vœux de l’Église catholique alors que vous vous apprêtez à assumer cette importante fonction au sein de votre Église», écrit-il dans sa lettre.

Le cardinal Koch a souligné la solidité et la durabilité du dialogue théologique entre la Communion anglicane et l’Église catholique, basé sur la compréhension et l’affection mutuelles depuis près de soixante ans. Il a rappelé l’étroitesse des relations entre les deux Églises, qui fut de nouveau manifeste lors du pontificat de François. «J’espère sincèrement que cette proximité se poursuivra dans les années à venir, alors que nous continuons à cheminer ensemble. Soyez assurés de mes prières pour vous et votre famille», a-t-il déclaré.
Sa nomination a également été saluée par le président de la conférence des évêques catholiques d’Angleterre et du Pays de Galles, le cardinal Vincent Nichols: «Elle apportera de nombreux talents personnels et une grande expérience à son nouveau rôle», a déclaré l’archevêque de Westminster, lui assurant dans un communiqué les prières de la communauté catholique. (cath.ch/vaticannews/anglicanjournal/be)
D’infirmière à évêque
L’évêque Sarah Mullally succède à l’archevêque Justin Welby, qui a démissionné il y a près d’un an après la publication d’un rapport soulignant sa mauvaise gestion de cas d’abus sexuels. Elle occupe le poste d’évêque de Londres depuis 2018, devenant alors la première femme à occuper cette fonction. Elle fut précédemment évêque de Crediton, dans le diocèse d’Exeter, la quatrième femme à devenir évêque au sein de l’Église d’Angleterre. Avant son ordination en 2001, elle était directrice générale des soins infirmiers pour l’Angleterre, la plus jeune personne jamais nommée à ce poste à l’âge de 37 ans. Elle a décrit le métier d’infirmière comme «une occasion de refléter l’amour de Dieu». L’archevêque de Canterbury officie notamment lors des grands événements royaux en Angleterre, comme les couronnements, mariages et obsèques. JB