“Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel.“ | © Blog La Simandre
Homélie

Homélie du 26 octobre 2025 (Lc 18, 9-14)

Père Francis ZuffereyChapelle Saint-Joseph, Ecole des Missions, Le Bouveret, VS


Dans ce passage de son évangile, Luc nous présente 4 personnages.
Jésus qui raconte une histoire, une parabole,
2 hommes qui prient et font le point sur leur vécu,
et Dieu qui les écoute.

Observons ce pharisien? Il fait partie de ceux qui accomplissent la loi dans tous les détails. Il est un homme de prières et un bon pratiquant. Quand il prie, il se tient debout, tellement fier de la vie qu’il mène, qu’il se place au centre de lui-même. Les paroles qu’il prononce commence chaque fois par « je », qui revient 4 fois sur trois lignes : « je te rends grâce » « je ne suis pas comme le reste des hommes » « je jeûne 2 fois par semaine » « je verse le dixième de mes biens », mais en parlant ainsi il dit la vérité, c’est pourquoi il ne faut pas le classer d’emblée parmi les mauvaises gens. Il ne mérite pas ce que Jésus a dit au sujet des pharisiens : «Faites ce qu’ils disent et non pas ce qu’ils font! Il respecte la loi. »

Ce qui manque à sa prière, c’est que Dieu n’y a aucune place . Sa prière est un simple monologue qui n’attend pas de réponse. Il n’attend rien de Dieu, encore moins des hommes. Dans cette auto admiration Dieu ne pourra rien lui donner de plus puisqu’il fait tout juste!

Quant au publicain, il ne s’agit pas non plus de le canoniser Il est loin d’être un saint: il est collaborateur de l’occupant romain, fricotant dans des affaires peu reluisantes et ose entrer dans le temple, lui un homme impur. Oui il ose, mais en se frappant la poitrine : « Mon Dieu montre toi favorable au pécheur que je suis.»

Jésus nous dit qui est son Dieu, son Père

Par cette parabole, Jésus veut nous dire qui est son Dieu, son Père : il est le Dieu du publicain. Un Dieu de pitié et de pardon. Un Dieu toujours prêt à relever celui qui est tombé, prêt à accueillir celui qui est perdu.
Le Dieu du pharisien est un Dieu super législateur, qui édicte des lois auxquelles il faut se soumettre. Un Dieu qui épie sans cesse nos agissements et exerce son pouvoir.

Oui, cette parabole nous parle essentiellement de Dieu. Mais à qui s’adresse t’elle ? Jésus lui même nous donne la réponse : elle s’adresse « A ceux qui sont convaincus d’être justes et qui méprisent les autres », donc à chacune et chacun de nous, ce matin.

Posons nous la question : « Dans lequel des personnages nous retrouvons-nous ? » Ce qui est certain c’est que nous nous retrouvons dans les deux. Nous pensons ou disons avec le pharisien : « Je te rends grâce de ne pas être comme le reste des hommes ». Nous nous situons spontanément dans le camp des « bons ». Ah! Si tout le monde pensait et agissait comme nous, le monde irait beaucoup mieux. C’est nous qui avons le bon goût, le jugement juste. Il y a en nous à la fois cette suffisance ambitieuse, et aussi la conscience de notre faiblesse et de notre fragilité, à l’exemple du Publicain.
Dans des situations humaines qui nous touchent ou qui touchent les autres,nous ressentons un appel à la vérité, à l’amour, à la simplicité, à ce quelque chose qui est à l’image de Dieu.

Dieu préfère l’humilité du pécheur

Finalement cette parabole nous apprend deux choses : Dieu préfère l’humilité du pécheur, à l’orgueil de celui qui se croit juste. Dans la formation à la spiritualité, le sens du mot humilité a été utilisé comme moyen de domination. Il s’agissait de s’humilier, de se faire petit, de s’écraser et de penser : « Seigneur, tu vois ma misère, je ne vaux rien, prends pitié de moi. » Ce genre de discours a enfermé le chrétien dans la récitation de prières et débouchait peu sur un engagement. « Ce que vous avez fait au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. »

La personne humble est celle qui connaît ses qualités, qui confie à Dieu ses fragilités et met les dons que Dieu lui a donné, au services de ses frères et sœurs. L’humilité chrétienne nous situe en vérité devant Dieu, devant les autres, face à soi-même et nous autorise d’être fier et nous pousse à l’action de grâce.

Que l’Esprit Saint nous place résolument sous le regard de Dieu. Qu’il nous fasse prendre conscience de notre faiblesse, de notre grandeur et qu’il nous garde dans l’humilité et la pauvreté qui sont les siennes.


30e Dimanche du Temps ordinaire :
Lectures bibliques : Ben Sira le Sage 35, 15-22; Psaume 33; 2 Timothée 4, 6-18; Luc 18, 9-14

«Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel.» | © Blog La Simandre
26 octobre 2025 | 09:35
Temps de lecture : env. 3  min.
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