John Henry Newman | © Vatican Media
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Le cardinal britannique John Henry Newman 38e docteur de l’Église

En la solennité de la Toussaint et à l’occasion du Jubilé du monde éducatif, le pape Léon XIV a proclamé le 1er novembre «saint John Henry Newman, docteur de l’Église», au cours de la messe qu’il a présidée place Saint-Pierre, en présence de 50’000 fidèles. Le cardinal britannique (1801-1890) est ainsi devenu, aux côtés de saint Thomas d’Aquin, «co-patron de la mission éducative de l’Église» et co-patron des écoles catholiques. L’intellectuel et prêtre anglican converti au catholicisme est désormais le 38e docteur de l’Église.

La foule des fidèles se rendant place Saint-Pierre a pu découvrir l’immense portrait du cardinal John Henry Newman affiché sur la façade de la basilique. En la fête de la Toussaint, qui célèbre tous les saints, le pape Léon XIV a posé un geste rare au début de la célébration, puisque le titre de «docteur de l’Église» n’était jusqu’à présent détenu que par 37 catholiques, des saints qui ont apporté une contribution théologique et spirituelle majeure à la doctrine catholique, rapporte I.Media.   

Un «ardent défenseur du principe dogmatique»

Lors du rite consacré à cette proclamation, le cardinal Marcello Semeraro, préfet du dicastère pour les Causes des saints, a présenté au pontife la biographie du cardinal britannique. En tant que pasteur et théologien anglican, il fut un «ardent défenseur du principe dogmatique».

Lorsque de nombreux ecclésiastiques anglicans, pour la plupart membres du Mouvement d’Oxford, se convertirent au catholicisme, John Henry Newman traversa une crise religieuse qui le conduisit lui aussi à adhérer au catholicisme en 1845, a relevé le cardinal Semeraro.

La même année, a poursuivi le préfet, il publia son ouvrage, «Essai sur le développement de la doctrine chrétienne», considéré par beaucoup comme le point culminant de sa recherche sur le sens de l’histoire, de l’homme et de sa relation avec Dieu. Son choix eut un grand retentissement dans toute l’Angleterre. Il voulut s’éloigner d’Oxford et s’installa à Birmingham. Puis le 30 mai 1847, dans la chapelle de Propaganda Fide à Rome, il fut ordonné prêtre. Fasciné par le charisme de saint Philippe Néri, il fonda la Congrégation de l’Oratoire en Angleterre.

Participation d’une délégation de l’Église d’Angleterre

Après avoir écouté la biographie du cardinal Newman, le pape a prononcé en latin ces mots: «Nous, accueillant le désir de nombreux frères dans l’épiscopat et de nombreux fidèles du monde entier, après avoir pris l’avis du dicastère pour les Causes des saints, avoir longuement réfléchi et être parvenus à une pleine et sûre conviction, avec la plénitude de l’autorité apostolique, déclarons saint John Henry Newman docteur de l’Église universelle». 

La décision du pape Léon XIV de le nommer co-patron, avec saint Thomas d’Aquin, de toutes les personnes qui participent au processus éducatif a été accueillie par des applaudissements nourris de la part de la foule, parmi laquelle se trouvaient des participants au Jubilé du monde éducatif venus du monde entier, ainsi que la délégation de l’Église d’Angleterre emmenée par l’archevêque anglican de York Stephen Geoffrey Cottrell, en compagnie du vice-premier ministre britannique David Lammy. En attendant l’installation en janvier de la nouvelle archevêque de Cantorbéry, Sarah Mullally, l’archevêque de York est actuellement la plus haute autorité au sein de l’Église d’Angleterre. 

Le pape a salué la présence de cette délégation de l’Église d’Angleterre, venue quelques jours après la «rencontre historique de prière» vécue dans la chapelle Sixtine avec le roi Charles III, gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre. «Depuis le Ciel, [saint John Henry Newman, ndlr] accompagne le chemin des chrétiens vers la pleine unité», a assuré le chef de l’Église catholique.

Une imposante stature culturelle et spirituelle

«L’imposante stature culturelle et spirituelle de Newman, a estimé le pontife, servira d’inspiration aux nouvelles générations au cœur assoiffé d’infini, disposées à réaliser, par la recherche et la connaissance, ce voyage qui, comme le disaient les anciens, nous fait passer «per aspera ad astra», c’est-à-dire à travers les difficultés jusqu’aux étoiles». Léon XIV a ainsi invité les éducateurs et institutions éducatives à «briller comme des étoiles dans le monde, grâce à l’authenticité de leur engagement dans la recherche commune de la vérité». En effet, la vie des saints, comme celle de John Henry Newman «témoigne qu’il est possible de vivre avec passion au milieu de la complexité du présent, sans laisser de côté le mandat apostolique», a souligné le pape.

L’Église catholique détient le plus grand réseau éducatif du monde: plus de 231’000 établissements scolaires et universitaires catholiques dans 171 pays, fréquentés par près de 72 millions d’étudiants. Ces derniers jours, à Rome, quelque 20’000 personnes venues de 124 pays ont participé au Jubilé du monde de l’éducation.

Les missions de l’enseignement catholique 

Au fil de son sermon, le pape Léon XIV a dessiné la mission qui incombe aux écoles et universités catholiques, qu’il a considérées «comme des laboratoires de prophétie, où l’espérance est vécue». «Brillez aujourd’hui comme des étoiles dans le monde, grâce à l’authenticité de votre engagement dans la recherche commune de la vérité», a-t-il commencé par dire aux éducateurs.

Dans un monde dominé par le pessimisme, le chef de l’Église catholique les a aussi exhortés à travailler pour «libérer l’humanité de l’obscurité du nihilisme qui l’entoure» et à faire circuler «les grandes raisons de l’espérance». Car pour le pape, faire disparaître l’espérance est «sans doute le mal le plus dangereux de la culture contemporaine». À travers le témoignage des éducateurs, les écoles et universités catholiques doivent être «autant de seuils d’une civilisation de dialogue et de paix», a-t-il souligné. 

Attention prioritaire accordée aux pauvres

Il a aussi demandé à l’enseignement catholique d’appliquer l’Évangile en accordant aux pauvres une attention prioritaire. «Ceux qui sont nés avec moins de possibilités ont-ils moins de valeur en tant qu’êtres humains, doivent-ils se contenter de survivre ?», s’est-il interrogé, citant Dilexi te, sa dernière exhortation apostolique consacrée à l’amour envers les pauvres. Selon lui, «la réponse que nous apportons à ces questions détermine la valeur de nos sociétés et donc notre avenir». Et d’ajouter immédiatement: «la qualité évangélique de notre éducation dépend également de cette réponse». 

Le pape a enfin encouragé les éducateurs à révéler la «vocation à la sainteté» de chaque jeune. Léon XIV a conclu en résumant ainsi la mission de l’enseignement catholique aujourd’hui: «Nous pouvons donc dire que l’éducation, dans la perspective chrétienne, aide chacun à devenir saint. Rien de moins». (cath.ch/imedia/hl/vaticannews/be)

John Henry Newman | © Vatican Media
2 novembre 2025 | 09:00
par I.MEDIA
Temps de lecture : env. 5  min.
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