Les licenciements à Protestinfo font réagir au niveau européen
La Plateforme du Conseil de l’Europe pour la sécurité des journalistes demande la réintégration des deux employés de l’agence de presse protestante romande Protestinfo, licenciés en octobre 2025. L’institution européenne sollicite une réponse officielle des «autorités nationales» du pays concerné sur ce cas.
Mi-octobre 2025, le licenciement, rapporté par le journal 24 Heures, des deux journalistes de l’agence Protestinfo, Anne-Sylvie Sprenger et Lucas Vuilleumier, faisait grand bruit en Suisse romande. L’employeur des journalistes, la Conférence des Églises réformées romandes (CER), a justifié cette mesure par une rupture de confiance de longue date. Certains pensent que les journalistes ont été écartés parce qu’ils enquêtaient sur les liens persistants de l’Église réformée vaudoise avec un théologien connu soupçonné d’abus sexuels.
Réponse «des autorités nationales» demandée
L’affaire a désormais pris une portée internationale puisque la Plateforme du Conseil de l’Europe pour la sécurité des journalistes vient d’y consacrer une alerte officielle de niveau 2 (sur trois), rapporte blick.ch le 25 novembre 2025. Ce degré s’applique aux relations entre les gouvernements et les médias sur les plans juridique et administratif.
La Plateforme demande la réintégration des deux journalistes, ainsi que la mise en place de garanties robustes préservant l’indépendance éditoriale de l’agence et son autonomie vis-à-vis des instances ecclésiales. Dans le cadre de ce mécanisme, l’institution sollicite une réponse officielle des «autorités nationales» du pays concerné. Pour Protestinfo, le délai est fixé au 14 février 2026.
Discussions au sein de l’Église réformée
«Le fait que notre situation soit signalée au niveau européen montre qu’elle soulève malgré tout, pour certaines personnes, de véritables questions de liberté de la presse», commente Lucas Vuilleumier à blick.ch.
Selon le journal, une interpellation, lors de la prochaine assemblée plénière de la CER, le 29 novembre 2025, demandera au Conseil exécutif de répondre à une série de questions critiques concernant les licenciements. (cath.ch/blick/arch/rz)
Le degré d’alerte 2 de la Plateforme du Conseil de l’Europe pour la sécurité des journalistes concerne les violations de la liberté des médias du fait de l’abus de pouvoir gouvernemental ou autres pouvoirs afin de diriger les médias, spécialement en période d’élections; l’interférence avec la liberté des médias par la prise en main, le contrôle et la régulation; l’utilisation abusive ou disproportionnée de lois destinées à lutter contre le terrorisme et l’extrémisme et à protéger la sécurité d’État pour nuire à la liberté d’expression, à l’accès à l’information, à la confidentialité des sources et à l’indépendance de la radiodiffusion publique, rapporte l’Association des journalistes professionnels belges sur son portail.
Une alerte de niveau 2 du Conseil de l’Europe ne déclenche pas une réaction automatique mais met en marche un processus de dialogue, de pression et de demande de mesures correctives. Le Conseil de l’Europe, via la Plateforme, agit comme observateur, alerteur, médiateur et incitateur — l’État concerné conserve toutefois l’initiative des réponses concrètes. RZ





