L'église de la FSSPX constuite en 1998 à Ecône, en Valais | DR
Suisse

Le curé abuseur de Fully était proche de Mgr Lefebvre et d’Écône

Une marche de soutien aux victimes de l’abbé H. B., ancien curé de Fully, s’est déroulée le 14 décembre 2025 dans le village valaisan. Il est apparu que l’ecclésiastique accusé d’abus sexuels répétés a joué un rôle substantiel dans l’installation de la Fraternité St-Pie X (FSSPX) à Écône.

L’abbé H. B., décédé en 1983, a été curé de Fully, au-dessus de Martigny, pendant 48 ans. Dans cette période, il aurait abusé sexuellement de personnes adultes et d’enfants. Des accusations issues de témoignages recueillis par le journal valaisan Le Nouvelliste et par un audit indépendant commandé par le diocèse de Sion, publié en 2024.

Le diocèse de Sion, conjointement au groupe SAPEC (Soutien aux personnes abusées dans une relation d’autorité religieuse), ont organisé, le 14 décembre, une marche qui «entend exprimer la reconnaissance des torts commis et des souffrances de toutes les victimes d’abus, avec une demande de pardon dans un esprit de repentance sincère». De nombreuses personnes continuent de souffrir des crimes commis par l’abbé H. B. dans le diocèse de Sion et notamment à Fully.

«L’un des plus grands prédateurs de l’époque»?

Une dizaine de sources, une victime directe, des descendants de victimes et des témoins de l’époque rencontrés par Le Nouvelliste dressent le portrait d’un curé tout-puissant. Il est tour à tour décrit comme «un voyou», «un tordu devant lequel on faisait la génuflexion», «le sixième conseiller d’État» ou «certainement l’un des plus grands prédateurs de l’époque». 

Le journal valaisan relève aussi les liens étroits qui existaient entre Mgr Marcel Lefebvre, fondateur de la Fraternité sacerdotale St-Pie X (FSSPX), et le curé de Fully. La FSSPX s’est installée à Écône, non loin de Fully, à partir de 1970 comme séminaire et centre de formation sacerdotale traditionnelle, avec l’accord des autorités ecclésiastiques locales. Écône devient la maison-mère de la Fraternité. Cette dernière se voit séparée de Rome en 1988, après que Mgr Lefebvre ait ordonné des évêques de sa propre autorité.

Un camp de redressement moral?

H. B. et Mgr Lefebvre s’étaient connus sur les bancs du Séminaire français de Rome. Par la suite, le curé de Fully a joué les intermédiaires pour que Mgr Lefebvre puisse acquérir le domaine d’Écône, afin d’y loger ses séminaristes. Un fait rapporté dans un ouvrage d’Isabelle Raboud, mais également par la FSSPX elle-même. On peut en effet lire sur le site du district de Suisse de la Fraternité: «(…) Me Lovey [il s’agit de Roger Lovey, un laïc qui avait racheté, avec d’autres, le domaine d’Écône, afin de le destiner à une œuvre religieuse] fait la connaissance de Mgr Marcel Lefebvre (1905-1991) chez le révérend curé de Fully, H. B. (1903-1983), qui avait été son condisciple au séminaire français de Rome.» (cath.ch/nouvelliste/arch/rz)

L'église de la FSSPX constuite en 1998 à Ecône, en Valais | DR
15 décembre 2025 | 16:22
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
Abus sexuels (1359), Ecône (17), FSSPX (91), Marcel Lefebvre (22), traditionalistes (69), Valais (218)
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