Dix-sept missionnaires assassinés dans le monde en 2025
Dix-sept personnes engagées dans la pastorale ont été tuées dans le monde en 2025, selon le rapport annuel de l’agence missionnaire vaticane Fides. Avec au total dix victimes recensées, l’Afrique demeure le continent le plus éprouvé.
L’Agence Fides a publié ce 30 décembre 2025 son rapport annuel concernant les prêtres et les personnes engagées dans la pastorale assassinés au cours de l’année écoulée. Ce document, qui n’est probablement pas exhaustif mais offre un aperçu des persécutions subies par l’Église catholique dans le monde, recense au total 17 victimes documentées: 10 prêtres diocésains, deux séminaristes, deux religieuses et trois laïcs, avec au total dix victimes recensées en Afrique, continent le plus exposé à la violence contre les ecclésiastiques.
Djihadistes et guerre civile en Afrique
Concernant le Burkina Faso, où les attaques djihadistes ont fait de très nombreuses victimes chrétiennes non documentées au cours de l’an, le rapport mentionne les noms des catéchistes Mathias Zongo et Christian Tientga, tués le 25 janvier par un groupe d’hommes armés alors qu’ils circulaient à moto près de la ville de Bondokuy.
La Sierra Leone, pays d’Afrique de l’Ouest très peu médiatisé, a recensé la mort du Père Augustine Dauda Amadu, assassiné dans la nuit du 30 août dans sa maison située dans le quartier Burma 3, à la périphérie de Kenema.
Au Kenya, le Père Alloyce Cheruiyot Bett a été abattu le 22 mai dans la région de Tot, sur le plateau occidental. Il venait de célébrer la messe dans la communauté catholique du village de Kakbiken, lorsque des hommes armés ont ouvert le feu, l’une des balles atteignant le Père Bett au cou et le tuant sur le coup.
Au Soudan, pays en proie à une effroyable guerre civile entre l’armée loyaliste et un groupe paramilitaire, le Père Luka Jomo, curé dans la ville assiégée d’El Fasher, a été tué par un éclat d’obus qui a également coûté la vie à deux jeunes.
Le pays le plus éprouvé cette année est le Nigeria, avec cinq personnes tuées au sein de l’Église catholique locale: les prêtres Sylvester Okechukwu, Godfrey Chukwuma Oparaekwe et Matthew Era, ainsi que les séminaristes Andrew Peter et Emmanuel Alabi.
Religieuses tuées en Haïti
Le continent américain compte quatre victimes. En Haïti, les religieuses Evanette Onezaire et Jeanne Voltaire, appartenant à la congrégation des Petites Sœurs de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, ont été assassinées le 31 mars à Mirebalais, dans le centre du pays, par des membres de gangs armés.
Au Mexique, le Père Bertoldo Pantaleón Estrada, prêtre dont la disparition avait été signalée le 4 octobre à Cocula, dans l’État de Guerrero, a été retrouvé mort le 6 octobre entre les villes de Zumpango et Mezcala. Enfin, aux États-Unis, le Père Arul Carasala, prêtre, curé de l’église Saints Pierre et Paul à Seneca, ville située au nord-est du Kansas, a été tué le 3 avril par balle par un homme alors qu’il se trouvait dans son presbytère.
Premier prêtre birman tué dans la guerre civile
L’Asie compte deux missionnaires tués: en Birmanie, le Père Donald Martin, prêtre diocésain de 44 ans de l’archidiocèse de Mandalay, est devenu le premier prêtre catholique birman tué dans le conflit civil qui ensanglante le pays. Son corps sans vie, mutilé et défiguré à coups d’arme blanche, a été retrouvé le 14 février par des paroissiens dans l’enceinte de la paroisse Notre-Dame-de-Lourdes, dont il était le curé.
Aux Philippines, le laïc Mark Christian Malaca, 39 ans, enseignant à la St. Stephen Academy, a été tué par balle le 4 novembre par des agresseurs inconnus dans le village de San Juan, où il vivait.
L’Europe compte également un prêtre tué en la personne du Père Grzegorz Dymek, de la paroisse Notre-Dame de Fatima à Kłobuck, dans l’archidiocèse de Częstochowa, au sud de la Pologne. Il a été étranglé dans son presbytère le 13 février dernier.
Plus de 600 victimes depuis le début du siècle
Les auteurs du document rappellent que depuis l’an 2000, pas moins de 626 missionnaires et personnes engagées dans la pastorale ont été assassinés dans le monde. Ils soulignent que le terme «missionnaire» ne désigne pas uniquement ceux qui exercent leur ministère dans des territoires de mission, mais plus largement tous les baptisés engagés dans des œuvres apostoliques.
À titre de comparaison, l’agence Fides, liée au dicastère pour l’Évangélisation, avait recensé 115 missionnaires tués sur la période 1980-1989 et 604 sur la décennie 1990-1999. L’année 1994 demeure la plus meurtrière à ce jour avec 274 victimes recensées, essentiellement en raison du génocide au Rwanda, qui avait provoqué à lui seul la mort de 248 agents pastoraux, parmi lesquels trois évêques, 103 prêtres et 65 religieuses.
Concernant les années les plus récentes, le chiffre le plus élevé avait été atteint en 2018, avec 40 missionnaires tués. Le précédent rapport, en 2024, avait recensé la mort violente de 13 missionnaires et agents pastoraux catholiques dans le monde.
Un 14e nom a été ajouté a posteriori, en annexe du rapport de cette année: celui du Père Tobias Chukwujekwu Okonkwo, un prêtre-pharmacien tué au Nigeria le 26 décembre 2024, et dont le décès n’avait pas été recensé dans le rapport 2024. (cath.ch/imedia/cv/rz)





