Nouvelle porte pour le plus important lieu saint de la chrétienté
Jérusalem: Une première depuis 8 siècles, les chrétiens reçoivent les clefs du Saint Sépulcre
Jérusalem, 21 juin 1999 (APIC) Pour la première fois depuis 1187, date de la chute du royaume latin de Jérusalem tombé aux mains de Saladin, les chrétiens recevront les clefs d’une entrée du Saint Sépulcre, le principal lieu saint de la chrétienté situé dans la partie arabe de Jérusalem. Le Ministère israélien du Tourisme a confirmé lundi qu’un deuxième accès sera aménagé avec l’accord des Eglises qui en ont la garde en vue du flux de pèlerins attendu pour le Grand Jubilé de l’an 2000.
Lieu du calvaire et du tombeau du Christ, le Saint Sépulcre est partagé par les communautés grecque orthodoxe, arménienne orthodoxe et catholique latine. Les relations entre ces Eglises sont très précisément réglées par le «statu quo» imposé aux chrétiens par les ottomans en 1852, qui spécifie les espaces réservés pour les services religieux des diverses communautés. Aucune d’entre elles ne peut entreprendre de travaux de rénovation sans l’assentiment des autres, ce qui a longtemps paralysé les travaux urgents de conservation du monument.
Depuis quelque 8 siècles, les clefs de la basilique constantinienne, restaurée et transformée par les croisés au XIIème siècle, sont traditionnellement entre les mains de la famille musulmane des Nusseibeh, qui le conserve aujourd’hui encore. Après la conquête de Saladin, toutes les portes sauf une furent scellées, et les clefs confiées à une famille musulmane voisine du lieu saint chrétien.
Le Ministère israélien du Tourisme confirme que les diverses Eglises sont parvenues à un accord pour ouvrir une seconde porte dans l’édifice et en fixer l’endroit. L’ouverture devrait être réalisée à la fin du mois, en direction de l’église de Sainte Hélène, appartenant à l’Eglise copte éthiopienne. Les clefs de ce deuxième accès seront remises aux Eglises elles-mêmes et à personne d’autre.
Les Eglises empêtrées dans le «statu quo» de 1852
La décision suit les travaux d’un comité ad hoc mis sur pied par le ministre du Tourisme Moshe Katsav, composé de responsables des Eglises, du Ministère israélien du Tourisme, du Ministère israélien des Affaires Religieuses et de la police israélienne. Après bien des difficultés et huit mois de négociations, les Eglises devraient finalement tomber d’accord sur l’endroit du percement de la nouvelle porte. M. Katsav a précisé que le gouvernement israélien n’imposerait aucune solution contre le gré des Eglises. Les autorités israéliennes, qui occupent cette partie de la ville en dépit des résolutions de la communauté internationale, insistent sur le danger que représente la masse croissante des pèlerins attendus pour le Jubilé de l’an 2000: près de 4 millions, alors que le Saint Sépulcre n’en reçoit habituellement que 750’000 chaque année.
Uri Mor, responsable israélien de ce dossier, souligne depuis l’époque des croisades, c’est la première fois que l’on ajoute une porte supplémentaire au vénérable édifice, qui comptait alors 12 entrées. Uri Mor précise que c’est le gouvernement israélien – qui a repris cette responsabilité du gouvernement jordanien depuis l’occupation israélienne de Jérusalem en 1967 et son annexion – qui est chargé de faire respecter le «statu quo» de 1852. Pour finir les réparations à l’intérieur du saint Sépulcre pour l’an 2000, a confié à l’APIC Uri Mor, depuis dix ans responsable du respect du statu quo des lieux saints, «c’est finalement le gouvernement israélien qui met un demi-million de dollars à disposition pour effectuer les travaux nécessaires: les différentes Eglises chrétiennes ne sont pas parvenues à s’entendre après 25 ans de discussions…» (apic/jpost/kna/be)