Louvain: Thèse sur «L’art, chemin d’éternité pour l’homme»
Un théologien polonais dialogue avec George Steiner
Louvain-la-Neuve, 21 juin 1999 (APIC) «L’art, chemin d’éternité pour l’homme» est le sujet d’une thèse de doctorat en théologie défendue le 18 juin par le Père Jaroslaw Buchholz, religieux pallotin d’origine polonaise, à l’Université catholique de Louvain. La thèse de ce religieux prêtre, qui s’est engagé comme missionnaire à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire, se présente comme «un essai théologique à partir de George Steiner»
Ecrivain, critique littéraire et philosophe, G. Steiner se définit lui-même comme un «Juif d’Europe centrale». Né en 1929 à Paris, où sa famille est arrivée de Vienne cinq ans plus tôt, il échappera plus tard à l’extermination nazie et se retrouvera avec les siens en exil aux Etats-Unis. Ce parcours ouvre le jeune George au dialogue des cultures. Après ses études aux Etats-Unis puis en Angleterre, il enseignera à Princeton et à Cambridge, puis sera, à partir de 1974, professeur de littérature générale et de littérature comparée à l’Université de Genève.
Ce qu’a cherché Jaroslaw Buchholz, c’est à synthétiser la pensée de George Steiner et en dégager la dimension proprement théologique. Car si le langage humain débouche sur l’ineffable, c’est parce qu’il est porteur d’une dimension de «transcendance». C’est par le langage, écrit le doctorand polonais, que «l’homme veut raconter son désir d’éternité ou même dialoguer avec Dieu». L’expression artistique est ici concernée au plus haut point car «le langage des arts est porteur d’un message privilégié, un message où se trouve le mystère de l’existence humaine, de son destin et de sa connaissance de Dieu».
J. Buchholz en arrive à traiter la question des origines, dans la culture occidentale, du phénomène de la création artistique. Ceci le conduit à mettre en relief le rôle fondamental des éléments transcendants dans l’activité créatrice. «L’expression artistique, précise-t-il, est un effet de la manifestation de la réalité transcendante, que l’homme observe et traduit pour entrer en même temps par là en relation avec cette réalité». Une telle démarche est «lourde de sens», insiste-t-il, en écho à G. Steiner qui, dans ses derniers écrits, voit le sens se déployer dans la quête de la «présence réelle» de l’être qui fait signe au-delà du langage, au-delà du texte, au-delà de l’exprimable. C’est comme si l’homme retrouvait là la mémoire foncière de son être créé pour converser face à face avec son créateur.
«C’est dans le langage humain, et dans le langage des arts en particulier, que l’on peut entendre l’écho de ce désir de trouver ou de retrouver la communion avec Dieu», souligne le doctorand. «L’art devient alors un chemin d’éternité». La dissertation explore la portée théologique de cette démarche. (apic/cip/pr)