Rome: Visite du président iranien Mohammad Khatami au Vatican.
«Une visite importante et prometteuse», dit Jean Paul II
Rome 11 mars 1999 (APIC) «Je considère cette visite comme importante et prometteuse», a déclaré le pape Jean-Paul II jeudi à l’issue de sa rencontre avec le président iranien Mohammad Khatami, au Vatican. L’entretien de 25 minutes s’est déroulé dans un climat cordial, dans un «esprit de dialogue entre musulmans et chrétiens», indique le Saint-Siège.
Le Président Khatami a parlé de son côté d’un «esprit d’Assise», en faisant allusion aux rencontres interreligieuses convoquées par le pape à Assise en octobre 1986. Il a exprimé le souhait que cet esprit «demeure dans l’avenir comme modèle dans l’entente commune entre les religions et les peuples».
«L’espérance est celle d’une victoire finale du monothéisme, de la morale, en même temps que la paix et la réconciliation», a encore affirmé le président iranien à l’issue de la rencontre. Les deux interlocuteurs venaient d’échanger leurs visions sur la situation au Moyen-Orient, avec une référence particulière au dialogue islamo-chrétien et au dialogue entre les cultures.
Avant de se rendre auprès du cardinal Angelo Sodano, Secrétaire d’Etat du Saint-Siège, le président iranien a affirmé retourner dans sa patrie «plein d’espérance pour l’avenir», après son séjour en Italie et sa rencontre avec le pape.
Jean-Paul II quant à lui l’a remercié pour cette visite «que je considère comme importante et prometteuse», a-t-il insisté, en élevant la voix pour être entendu des journalistes présents. La barrière des langues – le pape s’exprimait en italien et le président en farsi, langue persane – n’a pas empêché des échanges de plaisanteries dans la bibliothèque privée du pape, dans une atmosphère suffisamment détendue pour que l’un des religieux musulmans qui accompagnait le président iranien aille jusqu’à embrasser Jean-Paul II au moment de prendre congé.
Atmosphère calme dans les rues de Rome
Même détente sur la Place Saint-Pierre. Alors qu’un important déploiement de police avait été disposé pour faire face à d’éventuels manifestants, ceux-ci se sont limités à un groupe d’une cinquantaine de personnes, qui scandaient quelques slogans contre Khatami. L’atmosphère était donc sereine par rapport à l’agitation des derniers jours dans les rues de Rome, dues aux manifestants iraniens hostiles au président Khatami.
Si c’était la première fois qu’un président de la République islamique d’Iran venait en visite au Vatican, les relations entre les deux Etats sont restées régulières, ces vingt dernières années, en dépit de la révolution de février 1979.
Jean-Paul II avait notamment déjà reçu le premier ministre iranien Amir Hosein Musavi le 17 janvier 1989, et le ministre des Affaires étrangères Kamal Kharrazi, le 2 février 1998. Le ministre iranien avait alors présenté sa visite comme un signe d’une volonté d’»approfondir la collaboration entre les différentes religions monothéistes», et de signifier une «nouvelle ouverture de l’Iran». Il avait été question de la nécessité de défendre «l’éthique religieuse» dans le monde et du dialogue entre les religions monothéistes.
Autant de thèmes de nouveau abordés le 11 mars entre le président Khatami et Jean-Paul II, tandis qu’il aura été probablement question, avec le cardinal Secrétaire d’Etat du Saint-Siège, de sujets plus précis concernant les droits humains et la situation des catholiques en Iran, comme la possibilité pour eux d’éditer des livres, d’obtenir des visas ou de circuler librement, requêtes souvent exprimées par les chrétiens iraniens. (apic/imed/mp)