Vision locale des mosquées et églises détruites par les rebelles
Sierra Leone: Le Conseil interreligieux organise un tour de ville pour le chef de la guérilla
Freetown, 14 mars (APIC) A l’initiative du Conseil interreligieux de Sierra Leone, qui regroupe des représentants musulmans, catholiques et protestants du pays, le caporal Foday Sankoh, chef des rebelles du Front Révolutionnaire Uni (RUF), a effectué ce week-end – sous bonne escorte – une vision locale des mosquées et églises détruites par ses hommes dans la capitale dévastée de la Sierra Leone, Freetown. Il a lancé un appel à un cessez-le-feu immédiat et unilatéral dans le but de libérer les otages aux mains du RUF.
Les responsables religieux ont invité le chef rebelle prisonnier à ce déplacement pour constater de visu les exactions de ses troupes, tristement célèbres pour les mutilations qu’elles font subir à leurs victimes. Selon le révérend Lesly Chehlem, membre du Conseil, le chef du RUF a été autorisé à visiter la capitale détruite par les combats, ainsi que les structures d’accueil des enfants aux membres amputés par ses hommes.
Mettre fin aux enlèvements et aux amputations
Le caporal Foday Sankoh a exprimé sa sympathie avec la nation sierra-léonaise rendue exsangue par les combats destructeurs. Les chefs religieux ont demandé au gouvernement de permettre à Foday Sankoh de prendre contact avec ses hommes sur le terrain afin que ceux-ci libèrent tous les otages qu’ils détiennent. Le chef du RUF a été condamné à mort pour trahison et se trouve actuellement en prison.
Les membres de la délégation interreligieuse ont pu avoir un entretien par radio avec les rebelles qui se sont dits prêts à libérer les otages si leur chef leur en donnait l’ordre. Ils ont cependant exigé en contrepartie la libération de leur chef et demandé de le rencontrer en terrain neutre. Foday Sankoh a appelé lui-même ses hommes réfugiés dans la brousse. Il leur a demandé d’observer un cessez-le-feu immédiat et unilatéral dans les 72 heures pour relâcher les personnes qu’ils ont kidnappées, en particulier les prêtres, les femmes et les enfants.
Eglises et mosquées prises pour cibles, leurs fidèles abattus
Les chefs religieux sierra-léonais ont organisé un tour de ville pour Foday Sankoh car les rebelles du RUF ont pris pour cibles les églises et les mosquées lorsqu’ils ont envahi Freetown en janvier dernier. Ils ont utilisé l’une des églises du centre ville comme base et l’ont incendiée quand ils ont dû lâcher prise. Dans une autre église, ils ont aligné des civils contre le mur avant de les cribler de balles. D’autres réfugiés dans une église du quartier de Kissy (à l’Est de la ville) ont été traînés dehors et abattus, selon des témoins. Les rebelles ont notamment brûlé la Sainte-Trinité et la Trascott, deux églises historiques de la capitale, et commis de nombreuses autres exactions contre des communautés religieuses.
Des civils ont également été tués ou mutilés dans les mosquées. Certains de ces lieux de culte ont ensuite été incendiées, tandis que cheikhs et imams ont été contraints de boire de l’alcool, tandis que l’on forçait les fidèles musulmans à applaudir leurs chefs ivres. Les musulmans, tout comme les chrétiens de la capitale ont payé un lourd tribut à l’invasion de Freetown par les rebelles du RUF. Plusieurs religieuses étrangères sont tombées sous leurs balles, tandis que des prêtres et des imams subissaient des exactions.
Des premiers pourparlers de paix
Une délégation de neuf membres, conduite par le secrétaire général du Conseil des Eglises de Sierra Leone, Alimamy Koroma, ont cherché à vérifier la volonté de Foday Sankoh à s’engager dans des pourparlers de paix avec le gouvernement du président Tejan Kabba.
Sankoh, récemment jugé et condamné à mort pour trahison, a promis de soutenir les efforts de paix depuis sa prison. Il a exprimé ses regrets pour l’enlèvement des missionnaires catholiques et les prises d’otages de membres d’organisations humanitaires.
Vendredi 12 mars, le Père Giulio Albanese, directeur de l’agence missionnaire MISNA à Rome, et une équipe de la télévision italienne RAI 3, ont pu rencontrer les chefs de la rébellion locale. La rencontre a eu lieu après des entretiens non loin de Waterloo entre les membres de la rébellion et une délégation de représentants des Nations Unies, des troupes de l’Ecomog, et du Conseil Interreligieux de la Sierra Leone, dont Mgr Biguzzi, évêque de Makeni. Mgr Biguzzi a affirmé que les rebelles allaient libérer dans les plus brefs délais trois religieux retenus en otages. Les rebelles se sont d’autre part engagés à ne plus mutiler les civils. (apic/ibc/pana/misna/be)




