Le docker de Dieu

France: Décès du Père Jacques Loew

Echourgnac,

(APIC) Le Père Jacques Loew, l’une des figures de proue du mouvement des prêtres ouvriers en France, fondateur de la Mission ouvrière Pierre et Paul et de l’Ecole de la Foi, à Fribourg, est décédé dans la nuit de samedi à dimanche à l’âge de 90 ans, des suites d’une embolie pulmonaire. Auteur de très nombreux livres de spiritualité et de témoignage, le Père Loew vivait retiré depuis quelques années au monastère des trappistines d’Echourgnac, en Dordogne.

«Cette mort inattendue a surpris tout le monde, témoigne Sœur Marie-Gabrielle Bérard, la directrice de l’Ecole de la foi. Le matin même, le Père Loew faisait encore avec moi des projets d’avenir au téléphone, Il souhaitait entre autres aller trouver une amie malade. «La qualité de ses relations d’amitié était probablement l’un des traits les plus typiques de sa personne. Il était un ami d’une fidélité à toute épreuve. Ce n’était pas un saint ascétique mais quelqu’un qui trouvait que tout ce que Dieu a fait était bon.»

La découverte du monde ouvrier et l’insertion dans ce monde du travail resteront probablement le principal apport du Père Loew à la vie de l’Eglise au XXe siècle. «Il ne s’est jamais contenté d’une relation de surface, mais voulait aller au cœur des êtres, partager avec eux le mystère de l’Incarnation» «Partager la vie de Dieu, partager la vie des hommes était une des ses expressions préférées.» Comme beaucoup de convertis, Jacques Loew a fait preuve d’une quête insatiable de Dieu. Il a passé toute sa vie à chercher comment présenter Jésus aux hommes d’aujourd’hui.

En 1994, à l’occasion des 25 ans de l’Ecole de la Foi, le Père Loew rappelait encore à Fribourg: «Croire ce n’est pas avoir des idées sur Jésus. C’est faire entrer Jésus en nous. C’est recevoir le noyau dur de l’évangile et allumer l’incendie de l’amour».

Fils unique né dans une famille incroyante

Né à Clermont-Ferrand le 31 août 1908 dans une famille incroyante, fils unique gâté, Jacques Loew ne trouvera la foi qu’à 24 ans. Après un séjour au monastère de la Valsainte, dans les préalpes fribourgeoises, il décide de devenir prêtre. Deux ans plus tard, il entre dans l’ordre des dominicains; il est ordonné prêtre en 1939.

Chargé par le Père Lebret d’étudier «le complexe économico-humain» de Marseille, il se convainc que la seule façon de connaître ce que vivent ces hommes est de partager leur destin. Il devient docker, en 1941, pour quelques semaines, pensait-il, juste la durée de réaliser son enquête. Il le restera douze ans.

Lorsque le Vatican met fin à l’expérience des prêtres-ouvriers, Jacques Loew choisit l’obéissance et quitte sont travail, mais sans abandonner pour autant l’évangélisation du monde ouvrier. Il fonde à cet effet en 1955 une nouvelle congrégation, la Mission ouvrière Saints Pierre et Paul. Commencent alors des voyages en Allemagne, en Pologne, au Sahara, en Amérique Latine.

En 1964, Jacques Loew part pour le Brésil ou il s’installera, avec deux coéquipiers de sa Mission, à Osasco dans la banlieue industrielle de Sao Paulo. Il y séjournera jusqu’en 1969, date de la fondation de l’Ecole de la Foi de Fribourg. Il a alors 61 ans ! On trouve entre autres à ses côté l’abbé Pierre Mamie, futur évêque de Lausanne Genève et Fribourg. Il s’applique à faire des élèves de l’Ecole de la foi de fervents disciples du Christ capables de témoigner de l’amour fraternel dans le concret de la vie quotidienne.

En 1971, le pape Paul VI l’appelle pour prêcher la retraite de Carême au Vatican. En 1981, lorqu’il passe la main à Noël Aebischer, un diacre marié, il se retire dans un monastère en France tout en continuant à écrire. Il est en effet l’auteur de nombreux livres, dont plusieurs sont des bestsellers de l’édition religieuse: «En mission prolétarienne» «Journal d’une mission ouvrière», «Comme s’il voyait l’invisible», «Mon Dieu dont je suis sûr» (1986) et «Le bonheur d’être homme», entretiens avec Dominique Xardel où il raconte son itinéraire (1988). Le Père Loew avait séjourné pour la dernière fois à Fribourg, l’été dernier à l’ocassion de son 90e anniversaire. (apic/mp)

14 février 1999 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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