Le parlement débat de l’interdiction des mutilations génitales
Sénégal: Un guide musulman rejette la pénalisation de l’excision
Dakar, 14 janvier (APIC) Le débat sur l’interdiction de l’excision se poursuit au Sénégal. Alors que le parlement discute du projet de loi proposée par le gouvernement, Thierno Mountaga Tall, membre influent de la puissante confrérie musulmane des Tidjanes, rejette la décision de considérer comme un crime la pratique de l’excision dans le pays.
Le guide religieux musulman se base le Coran pour s’élever contre la future disposition législative. Il prend ainsi le contre-pied de l’Eglise catholique. Celle-ci, par la voix de Mgr Yacinthe Thiandoum, archevêque de Dakar, a favorablement accueilli la décision gouvernementale.
Dans sa déclaration, le dignitaire islamique fait remarquer qu’un hadith (une réflexion) du prophète Mahomet, recommande de pratiquer «l’excision sans se lasser, car elle est plus profitable pour la femme qui est ainsi plus aimée du mari». Selon lui, un autre hadith indique que «le fait de ne pas couper une partie du clitoris augmente la sensualité et entraîne très souvent l’adultère «.
Le cheikh affirme encore que «l’excision n’a causé à notre connaissance aucun préjudice du point de vue physiologique, ni du point de vue psychologique», tout en estimant que «les méfaits dont nous entendons parler, à supposer qu’ils existent, sont certainement causés par deux facteurs: la pratique de l’opération par des non-spécialistes et les conditions insalubres dans lesquelles elle se déroule». Aussi, préconise-t-il la formation religieuse et sanitaire des exciseuses.
Cette déclaration inattendue a provoqué une onde de choc dans les rangs du parlement sénégalais. Un député de l’opposition, Cheikh Abdoulaye Dièye, proche des idées islamistes, ainsi que son homologue Amadou Aboubacar Sow, pourtant membre du Parti socialiste majoritaire du président Abdou Diouf, ont annoncé leur intention de voter contre le projet de loi. Selon eux, plutôt que d’interdire et de réprimer pénalement l’excision, il vaut mieux poursuivre le travail de sensibilisation et convaincre ceux ou celles qui pratiquent encore les mutilations génitales.
Les femmes parlementaires, sont montées à la tribune pour souligner les souffrances qu’endurent les femmes excisées et appeler à voter pour la nouvelle loi. Pour le président du groupe socialiste, Abdou Rahim Agne, le projet de loi du gouvernement sera adopté par le parlement. Il s’agit d’»un texte fondateur de la modernité dans notre pays». (apic/ibc/mp)