Les leaders religieux se distancient des sectes millénaristes

Jérusalem: Des groupes chrétiens cibles d’agressions et de menaces

Jérusalem, 18 janvier 1999 (APIC) La police israélienne mène l’enquête sur la récente vague de menaces et d’agressions visant des groupes chrétiens à Jérusalem, rapporte la presse israélienne. Ces incidents, dont on soupçonne l’origine dans les milieux juifs ultra-orthodoxes, ont amené certains responsables chrétiens à prendre publiquement leurs distances avec les visions apocalyptiques des sectes millénaristes, en affirmant qu’elles sont dénuées de fondements bibliques.

Mgr Lutfi Laham, vicaire patriarcal grec-catholique de Jérusalem, déplore l’hystérie médiatique à propos de ces groupes en marge des Eglises traditionnelles, craignant que tout ce raffut ne trouble les bonnes relations entre religions dans la Ville Sainte. Interrogé par l’APIC, le chef de l’Eglise melkite se demande si toute l’affaire de la secte américaine des «Concerned Christians» n’est pas «quelque chose d’artificiel, monté par des milieux extrémistes qui veulent diviser les chrétiens et les faire passer pour des illuminés dangereux pour la sécurité d’Israël». Les sectes chrétiennes au centre de la polémique sont essentiellement composées d’étrangers. Il ne s’agit en aucun des Eglises locales – orthodoxe, catholique, anglicane, luthérienne ou évangéliques -, dont les fidèles sont pour la plupart d’origine palestinienne.

Menaces de mort et vitraux brisés

Des photos d’une balle dans le front d’une femme catholique d’origine suisse, dont l’appartement dans le quartier ultra-orthodoxe de Mea She’arim avait été incendié en novembre dernier, ont été placardées à l’époque de Nouvel An à l’extérieur de deux églises et d’une librairie vendant des Bibles, a confirmé dimanche la police israélienne.

Il y a près de deux semaines, des «vandales» ont lancé des pierres contre l’église écossaise de Saint-André de Jérusalem, dont plusieurs vitraux ont été brisés. Aucun suspect n’a été arrêté. «Des photos de la femme suisse, dont le visage, avec un trou de balle dans le front, était au centre d’une cible, ont été collées sur notre porte», a déclaré au quotidien «The Jerusalem Post» Judy McClean, de la librairie «The Torch Book Shop», à la Route de Jaffa. Le magasin vend des Bibles en différentes langues.

Judy McClean pense que les auteurs des menaces sont des juifs ultra-orthodoxes. Les «haredim» s’en prennent violemment à certaines organisations chrétiennes accusées de faire du prosélytisme en milieu juif. Une autre institution, le «Baptist House Center», à la rue Narkiss, a également été couverte du même genre de posters menaçants.

Tous des membres de sectes, fanatiques, missionnaires et prosélytes ?

Des responsables religieux chrétiens estiment que les récentes violences contre des organisations chrétiennes sont le résultat de la campagne médiatique faite autour de la récente expulsion d’Israël de 14 membres des «Concerned Christians» du gourou de Denver, Monte Kim Miller. La police israélienne les a accusés de planifier des attentats à Jérusalem, pour hâter le retour de Jésus Christ. La justice israélienne, s’il y avait eu des preuves matérielles de ces préparatifs terroristes et non seulement des supputations, ne les aurait pas si facilement relâchés.

Les leaders chrétiens craignent l’amalgame fait par les médias entre Eglises traditionnelles et groupes religieux officiels et les sectes apocalyptiques violentes. La façon dont la télévision a couvert l’événement a renforcé l’idée que les chrétiens sont tous à mettre dans le même panier: membres de sectes, fanatiques, missionnaires cherchant à faire du prosélytisme. Mgr Lutfi Laham se demande s’il n’y a pas des forces occultes en Israël qui veulent saboter les festivités du Grand Jubilé de l’an 2000, «une grande chance pour les Eglises chrétiennes locales, mais aussi pour les juifs et les musulmans». (apic/jpost/be)

19 janvier 1999 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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