Les catholiques boycottent une cérémonie oecuménique
Togo: Le torchon brûle entre l’Eglise catholique et le pouvoir
Lomé, 22 janvier 1999 (APIC) Le torchon brûle au Togo entre l’Eglise catholique et le pouvoir. Motif: le boycott, par la hiérarchie catholique, de cérémonies religieuses.
En prélude à la fête devant marquer le 32e anniversaire l’arrivée au pouvoir (le 13 janvier 1967) du président Etienne Eyadéma, le gouvernement togolais a organisé comme à l’accoutumée, des offices religieux sur toute l’étendue du territoire. Cette date représente également pour les Togolais l’anniversaire de la mort son premier président, Sylvanus Olympio, assassiné par l’actuel président de la République, le 13 janvier 1963.
A Lomé, c’est au grand Palais des Congrès que ces cérémonies religieuses ont eu lieu. Toutes les confessions religieuses étaient au rendez-vous, sauf l’Eglise catholique. Cette absence n’a pas été du goût du pouvoir. Mais au sein du clergé togolais, on est plus que serein et on renvoie les détracteurs au message de la Conférence épiscopale de février 1998. Dans ce message en effet, l’Eglise catholique avait décidé de ne plus faire des célébrations oecuméniques en dehors des églises.
En tout cas, «ce rendez-vous manqué de la hiérarchie catholique», a provoqué la colère des tenants du pouvoir. Dans une déclaration, le ministère de la Communication et de la Formation civique, a estimé qu’il était «déplorable que la hiérarchie de l’Eglise catholique de notre pays n’ait pas cru devoir saisir cette occasion pour prêcher à nouveau la Parole de Dieu, qui est, au-delà de toute considération, un éternel message d’amour, de paix et de réconciliation entre les hommes». Selon lui, «cette absence a laissé perplexe plus d’un Togolais» d’autant que «ce rendez-vous est avant tout un élan d’oecuménisme qui permet à l’ensemble des Togolais, quelles que soient leurs convictions religieuses ou politiques de créer dans la prière, un courant de pensées positives pour le bien de la patrie».
Mettre fin à une ambiguïté
Ce recul du clergé n’a pas empêché le régime de tenter, dès qu’il en a eu l’occasion, le rapprochement. C’est ainsi que le chef de l’Etat avait contribué financièrement d’une manière significative à la rénovation de la cathédrale de Lomé. Il a aussi assisté personnellement , il y a quelques semaines, à la messe d’enterrement de la mère de l’archevêque de Lomé. Ces actions n’ont en rien entamé la détermination de l’Eglise de se départir d’un régime dictatorial et de prôner le renouveau de justice et de vérité.
Dans leur message publié le 2 février 1998, quelques mois avant les élections présidentielles, les évêques du Togo «souhaitaient que la mauvaise foi cède la place à la bonne volonté pour extirper de notre pays un mal qui répand la terreur. Un mal qui continue de s’édifier sur fond de mensonges pour détourner les esprits…
Plus que jamais, les relations entre l’Eglise catholique et le régime du président Eyadema risquent de prendre encore des coups durs et certains ont peur que des responsables catholiques ne goûtent à la colère du régime , comme par le passé. (apic/pdk/pr)