Refus de visa pour le Père Stanislaw Opiela, après 9 ans à Moscou

Russie: Le clergé catholique craint le non renouvellement des visas de résidence

Moscou, 4 décembre 2000 (APIC) Le clergé catholique de la Fédération de Russie vit à nouveau dans l’incertitude avec l’arrivée de la nouvelle année: la grande majorité des 437 religieuses et prêtres actifs dans la pastorale en Russie sont des étrangers. Les autorités russes sont réticentes à renouveler leurs visas.

Ainsi le Père polonais Stanislaw Opiela, éditeur d’un nouveau magazine religieux, professeur et directeur du collège catholique de Saint Thomas d’Aquin, une institution d’enseignement de 250 élèves, s’est déjà vu refuser à deux reprises le renouvellement de son visa par le Ministère russe des Affaires étrangères. Actuel secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques de Russie, depuis l’été dernier il ronge son frein à Varsovie, rapporte l’agence de presse catholique américaine CNS.

La fin de l’année signifie le renouvellement de l’enregistrement légal des organisations religieuses en Russie. Certes, les administrations apostoliques de la Fédération de Russie – Russie européenne méridionale (Saratov), Russie européenne septentrionale (Moscou), Sibérie orientale (Irkoutsk) et Sibérie occidentale (Novosibirsk) – ne prévoient pas de gros problèmes concernant la reconnaissance légale obligatoire des paroisses locales, en vertu de la loi sur les religions adoptée par la Douma, le parlement russe, en 1997.

Les responsables religieux doivent avoir la citoyenneté russe

Etant donné le manque de prêtres locaux, le problème crucial de cette législation controversée concerne l’obligation légale faite aux responsables religieux d’être des citoyens ou des résidents permanents de la Fédération de Russie. L’exemple du Père Opiela, ancien supérieur des jésuites de Russie âgé aujourd’hui de 62 ans, fait craindre le pire aux centaines de membres de congrégations religieuses et de prêtres étrangers en attente du renouvellement de leur visa. Le jésuite polonais s’est vu refuser son retour en Russie en juillet et à nouveau en septembre dernier. Selon la loi russe, le Ministère des Affaires étrangères n’a pas à justifier son refus.

Le Père Opiela ne peut plus rentrer à Moscou après avoir vécu dans la capitale russe près de neuf. Il bénéficiait d’un statut «semi-diplomatique» en tant qu’aumônier d’une école secondaire rattachée à l’ambassade de Pologne à Moscou. Comme secrétaire général de la Conférence épiscopale, le Père Opiela fait partie des plus hauts responsables de l’Eglise catholique de rite latin en Russie, qui compte plus d’un million de fidèles. Mais cela ne lui est d’aucun secours: la Conférence des évêques catholiques de Russie n’a pas de statut légal en ex-URSS. Pour pouvoir jouir de ses droits, ouvrir un compte en banque, signer un contrat ou engager des employés, elle devrait elle-même être enregistrée selon la législation russe sur les religions.

Deux évêques catholiques sur quatre ne sont pas russes

Deux des quatre évêques à la tête des administrations apostoliques de Russie ne sont pas des citoyens russes ou des résidents permanents comme l’exige la loi: Mgr Clemens Pickel, à Saratov, est allemand, et Mgr Jerzy Mazur, à Irkoutsk, est polonais. Leur première demande d’obtention de la citoyenneté russe a déjà été rejetée une première fois, mais on espère du côté de la Conférence épiscopale de Russie que le Vatican puisse obtenir une réponse positive par des canaux diplomatiques. Des responsables locaux ont déclaré à l’évêque d’Irkoutsk, Mgr Mazur, un prélat polonais de 47 ans, qu’il pourrait obtenir le passeport russe… en sa mariant à une citoyenne russe! Il espère bien obtenir la citoyenneté russe grâce à l’intervention du Vatican, ainsi que l’enregistrement légal de la plus grande circonscription ecclésiastique du monde: 10 millions de km2. Sur la quarantaine de prêtres de son administration apostolique, un certain nombre doit sortir du pays tous les trois mois pour obtenir un nouveau visa, ce qui est extrêmement coûteux en temps et en argent étant donné les distances gigantesques de son diocèse. (apic/cns/be)

4 décembre 2000 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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