Les services de santé sont débordés

Burundi: Le paludisme s’étend dans le pays

Bujumbura, 6 décembre 2000 (APIC) La paludisme s’étend au Burundi. Depuis octobre, les services de santé sont débordés: 400 à 1000 malades par jour pour un seul infirmier. Les médicaments ne suffisent pas, ni les moyens de protection contre le moustique qui déclenche la malaria. Caritas Secours International (CSI) vient de répondre à un appel d’urgence de Caritas Burundi, dont un médecin a tiré la sonnette d’alarme.

Le CSI a décidé d’un premier envoi de médicaments (dont la chloroquine et la quinine). Au Burundi, le paludisme, causé par certaines espèces de moustiques, est la première cause de morbidité (2’446 cas par an sur 10’000 habitants) et peut entraîner jusqu’à 40% des hospitalisations, rapporte le doctoresse Françoise Bigirimana.

Addition de causes

L’aggravation de la situation est probablement due à la conjugaison de plusieurs facteurs. Les déplacements de population suite aux conflits ont mis les personnes infectées en contact avec des personnes immunes. Des zones jadis indemnes sont devenues des vecteurs de propagation. Le climat s’est aussi modifié: la pluie qui tombe après une saison sèche anormalement longue infiltre difficilement le sol asséché; des flaques d’eau, propices au développement des larves de moustiques, se multiplient sur tout le territoire. Les nouvelles concentration d’habitat provoquées par des déplacements massifs de populations ont entraîné des problèmes en cascade: déboisements massifs, accumulation d’ordures sans système d’évacuation, habitations mal protégées (sans porte ni fenêtre)…

Les campements, avec leurs conditions d’hygiène précaire et leur promiscuité, sont des zones connues d’éclosion et de propagation d’épidémies comme le choléra, la dysenterie bacillaire, la gale, le typhus exanthématique et désormais le paludisme. En dehors des camps, dans la ville de Bujumbura par exemple, le système d’évacuation des ordures et d’entretien des canaux par les services municipaux n’existe plus depuis la guerre, faute de coopération bilatérale et de source de financement.

Stratégies de lutte

La chloroquine reste le médicament de première ligne dans le traitement du paludisme. Toutefois, dans les zones où l’épidémie fait rage, la chloroquine apporte une légère amélioration, mais ne guérit pas les malades. Ceux-ci restent porteurs de germes d’infection, qui menacent alors leur entourage. La malnutrition diminue cependant la résistance aux maladies et l’immunité relative face au paludisme. C’est spécialement le cas dans les provinces les plus affectées par la sécheresse (Muyinga, Kirundo) et par la guerre (Makamba, Karusi). Le Nord du pays connaît une situation de famine, qui pourrait s’estomper avec les premières récoltes de décembre et de janvier.

Le ministère burundais de la Santé plaide pour une triple stratégie de lutte: un traitement précoce et correct des malades; un assainissement du milieu; une pulvérisation des habitations et l’usage des moustiquaires. Mais, les médicaments prévus ne sont pas encore disponibles en quantité suffisante au-delà du Centre de Santé. Des moustiquaires seraient en fabrication, mais en quelle quantité? L’assainissement du milieu n’est pas financé. Pire, rien n’est mis en place pour éviter les prochaines épidémies qui risquent d’arriver à la même période (apic/cip/pr)

6 décembre 2000 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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