La Gazette juive s’interroge sur une cote d’amour en baisse
Les protestants français contre Israël ? (120189)
Bâle, 12janvier(APIC) «Le mal est fait et le tournant est pris : proche
des juifs pendant la persécution nazie, mais de plus en plus ébranlé par
l’intifada, le protestantisme français prend ses distances avec le sionisme». Tel est le constat dressé par Haim Musicant dans l’édition du 12 janvier de la Gazette juive, un hedbomadaire bilingue édité à Bâle.
La Gazette juive estime en effet que l’année 1988 a été marquée par une
détérioration des relations entre les protestants français et les juifs.
Tout a commencé en février 1988, lors de la réunion d’hiver de la Fédération protestante de France, qui regroupe 810’000 des 950’000 protestants de
France, note Haim Musicant. La Fédération avait adopté une résolution
suggérant que, depuis longtemps, des conceptions théologiques et des sensibilités spirituelles (comme la notion de «Peuple élu», de «Terre sainte»,
etc) interfèrent avec l’analyse d’une situation politique concernant des
Etats et des peuples. C’est pourquoi le Conseil de la Fédération appelait
alors les Eglises, institutions, oeuvres et mouvements du protestantisme
français à une réflexion renouvelée dans ce domaine.
Le président de la Fédération protestante de France a lui-même déclaré,
relève la Gazette juive, que «sans remettre en question l’existence d’un
Etat juif, je crois que les promesses bibliques s’appliquent aussi dans la
situation de diaspora; pour ma part, j’ai de la peine à entrer dans ce mouvement du sionisme qui a l’air de dire que ces promesses ne se réalisent
que dans la mesure ou Israël se constitue, se fortifie et s’élargit. J’ai
peine à faire coïncider cette réalisation des prophéties avec cette puissance militaire d’Israël».
Mais c’est surtout un texte de la Faculté de théologie protestante de
Paris qui a mis le feu aux poudres et qui a été qualifié de «véritable déclaration de guerre». Intitulée «Israël-Palestine : l’autre écriture», ce
document dénonce, selon Haim Musicant, «le drame des persécutés devenus
bourreaux, drame de l’utopie d’un pays qui se voulait juste et qui s’expose
à la honte, drame du sionisme et de son idéologie : construire un pays ou
la loi pourrait être vécue, et qui devient une nation aussi banalement cynique que les autres.» L’auteur relève que des courants minoritaires, proches des milieux évangéliques, continuent cependant à affirmer leur attachement à Israël. (apic/be)