A la découverte de la caverne d’Ali baba d’Ependes

Fribourg: Action de Noël de l’association SOS futures mamans

Véronique Benz, APIC

Fribourg, 21 décembre 2000 (APIC) Véritable caverne d’Ali Baba, le Centre «SOS futures mamans», à Ependes, s’ouvre sur des trésors de petits lits pour bébés, de couches et de layettes, d’habits et de brassières. Pour y entrer, point n’est besoin d’un sésame. Si ce n’est celui de l’amour et de la solidarité, pour des enfants à naître et des mères déboussolées par leur état nouveau de futures mamans démunies parfois. Parce que dire non et uniquement non à l’avortement sans rien proposer en échange lui semblait inconcevable, Conrad Clément a fait le pas qui s’imposait à ses yeux: offrir du concret. De l’aide, matérielle aussi. Reportage.

En entrant dans le bâtiment à toit plat ou siège l’un des quatre centres «SOS futures mamans» du canton de Fribourg, on découvre une caverne d’Ali Baba que l’on pourrait prendre pour un magasin de vêtements pour enfants. Contre les murs, sur des étagères, au milieu de la pièce accrochés à des suspens, des pulls, sous-vêtements, habits d’hiver, robes, manteaux et chaussures de toutes tailles. Conrad Clément souligne combien le choix des vêtements pour le bébé à naître est une démarche importante, pour toutes les futures mamans, mais plus encore pour celles qui sont en détresse. La vue des petits lits et des berceaux les rassure et l’avenir peut prendre forme.

La vingtaine de jeunes bénévoles qui ont participé à l’action de Noël ont distribué, par groupes de deux ou trois, 162 sacs d’alimentation, coffrets avec des laitages et bons d’achat de 50 frs. La majorité des personnes visitées les ont accueillis chaleureusement mais les nouveaux parmi eux ont été surpris par la misère entrevue, à deux pas de chez eux. Précarité matérielle mais aussi solitude morale et isolement.

Les débuts de SOS futures mamans

Certains jeunes participent à l’action de Noël depuis plusieurs années, tandis que d’autres font cette démarche pour la première fois. Au retour de la livraison, Conrad Clément explique aux néophytes le but de l’association.

Marié, papa et grand-papa, le fribourgeois Conrad Clément est président et fondateur de l’association SOS futures mamans. Depuis le début du mois de novembre, il a décidé de se consacrer à temps plein au mouvement de solidarité qu’il a créé en 1974 à Fribourg après les débats sur l’avortement dans les années 71 et 72. Conrad Clément faisait partie de «Oui à la vie» mais il éprouvait un certain malaise. «Il est facile de dire non à l’avortement. Je voulais aller plus loin et donner vraiment les moyens aux futures mamans de garder leurs enfants». Lors d’un congrès à Strasbourg, il a entendu Geneviève Poullot, fondatrice de SOS futures mères à Paris: le déclic: la Suisse avait besoin d’un mouvement de solidarité pour les futures mères.

Groupe de mamans de moins de 20 ans en Gruyère

Conrad Clément constate que les futures mamans qui viennent à l’association, si elles sont heureuses d’attendre un enfant, sont angoissées parce qu’elles n’ont pas les moyens de l’élever. En 1999, l’association a aidé environ 3000 mères. Les femmes qui appellent SOS futures mamans ont grosso modo entre 18 et 30 ans. «En Gruyère, un groupe de jeunes mamans de moins de 20 ans se retrouvent pour parler biberons et couches culottes. Parce qu’elles ne peuvent pas en discuter avec les jeunes filles de leur âge qui ont d’autres préoccupations», commente le fribourgeois.

L’association dépense 5000 à 6000 francs par semaine, prélevés sur les dons de particuliers ou d’entreprises ainsi que de la loterie romande. Elle reçoit parfois aussi des héritages. Et si l’Eglise ne donne aucune subvention officielle, dans les paroisses, de nombreux prêtres font des quêtes pour soutenir l’action de SOS futures mamans. Cette année l’action de Noël à Fribourg a été financée grâce à un coup de cœur des employés d’une grande banque. 80 bénévoles œuvrent durant l’année, dans le canton de Fribourg.

En Suisse l’association compte 23 sections, dont 16 en Suisse romande. SOS futures mamans a également soutenu l’ouverture de plusieurs sections à l’étranger (en Allemagne, en Argentine, en Equateur, en Pologne, à St-Pétersbourg, au Niger, au Ghana, au Congo, au Luxembourg). Des démarches sont en cours pour ouvrir des centres en Albanie, en Biélorussie, en Lituanie et à Besançon, en France.

Prévention auprès des adolescents

Les mamans qui viennent dans les centres ont besoin de se confier à quelqu’un qui ne va pas les juger ni les critiquer. L’aide apportée peut être financière, matérielle ou d’ordre administratif. Chaque cas est unique et différent. SOS futures mamans ne met pas de limite à son soutien. Certaines ne viennent qu’une fois à l’association. Mais plusieurs d’entre elles gardent le contact et proposent à leur tour de soutenir d’autres femmes et même d’héberger celles qui se retrouveraient à la rue. SOS futures mamans est d’abord une grande chaîne d’amitié, rappelle Conrad Clément.

Le président de l’association SOS futures mamans estime que la meilleure façon de prévenir les interruptions de grossesses est de sensibiliser les jeunes. Conrad Clément visite les cycles d’orientation du canton de Fribourg et rencontre des jeunes dans le cadre de la préparation à la confirmation. «Je leur parle de l’accueil à la vie mais je ne fais jamais de politique». S’il ne touche directement que peu de jeunes, il compte sur l’effet boule de neige de la médiation des pairs et sur le bouche à oreille: «De très jeunes filles enceintes viennent dans les centres parce qu’une de leurs amies en a entendu parler et elles y trouvent le courage de mener leur grossesse à terme.»

Un accueil sans jugement

Si une future maman veut avorter malgré l’aide que nous lui proposons, nous ne pouvons rien faire pour elle si ce n’est garder notre porte ouverte, déplore Conrad Clément. Il rapporte de nombreux témoignages de femmes traumatisées par leur avortement, ne supportant plus la vision de bébés à la télévision ou pour qui l’interruption de leur grossesse a été comme un coup de poignard dans le cœur. «Une jeune femme qui avait avorté, est venue travailler quelques temps au dépôt pour reprendre goût à la vie. Nous ne l’avons pas jugée. Nous nous sommes contentés d’accueillir son désespoir et sa souffrance», conclut-il. Selon Conrad Clément, l’initiative pour l’avortement légal pendant les 12 premières semaines est scandaleuse: «favoriser l’avortement, c’est augmenter la souffrance des mères», estime Conrad Clément qui reprend le mot de Mère Térésa «un pays qui tue ses enfants n’aura jamais la paix». (apic/vb)

21 décembre 2000 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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