Une distinction pour la lutte contre l’apartheid
Le mérite delémontain 1988 à Soeur Claire-Marie Jeannotat (120189)
Delémont, 12janvier(APIC) Le Conseil municipal de Delémont a attribué le
«Mérite delémontain 88» à Soeur Claire-Marie Jeannotat pour son engagement
au service de la population noire en Afrique du Sud, pour sa lutte contre
l’apartheid dans ce pays, ainsi que pour son action déployée dans le Jura
dans le cadre de SOS Asile. A l’instar de la ville de Sion en novembre
passé, qui a récompensé l’abbé Clovis Lugon, Delémont récompense de son
prix une religieuse engagée dans une action humanitaire. Le prix de la ville est décerné chaque année.
Ce prix, un diplôme et une somme de 2000 francs, récompense plus de 34
ans passés au service de l’injustice qui sévit en Afrique du Sud. Pourtant,
a déclaré Soeur Claire-Marie Jeannotat à l’agence APIC, «cette distinction
est le mérite de beaucoup, en me l’accordant, la ville de Delémont a sans
doute également voulu reconnaître la coordination au niveau du Jura de SOS
Asile», qui travaille en faveur des réfugiés.
Native du Jura, Soeur Claire-Marie Jeannotat a très tôt rejoint la Congrégation des soeurs enseignantes de Menzingen (canton de Zoug), avant de
choisir, dans le cadre de sa congrégation, d’aller enseigner en Afrique du
Sud. Confrontée durant 34 ans aux dures réalités de l’apartheid, et de son
système, Soeur Jeannotat choisira de se mettre au service des opprimés.
Rentrée en 1981 en Suisse, elle participe à l’information en Suisse romande, sur l’Afrique du Sud, visite les paroisses et les différents mouvements
anti-apartheid en Suisse romande. Depuis 1985 enfin, toujours dans le cadre
de sa congrégation, elle assure bénévolement la permanence de SOS Asile,
une organisation qui assure entre autres la défense juridique du droit à
l’asile pour les réfugiés, tout en s’efforçant d’ informer la population au
sujet des problèmes liés aux réfugiés.
Politique de complicité
La politique de la Suisse à l’égard de l’Afrique du Sud? Pas satisfaite,
qu’elle est, Soeur Jeannotat. Et elle le dit: Le dernier point de la résistance du gouvernement raciste d’Afrique du Sud, c’est la complicité, les
investissements et le refus de certains pays, dont la Suisse, d’appliquer
des sanction. C’est ce refus de se retirer d’Afrique du Sud qui fait que
l’apartheid continue et même se renforce. Je ne suis pas experte en économie, dit-elle, mais les rapports financiers, économiques et politiques
qu’entretient la Suisse avec ce pays donnent confiance à des hommes qui
participent et pratiquent la politique de l’apartheid.
«Je ne suis pas contre les banques, relève encore Soeur Jeannotat, mais
une action contre celles qui contribuent à prêter leurs services au gouvernement raciste de Prétoria mérite d’être faite en leur retirant notre argent. C’est du reste l’une des actions envisagées pour ces deux prochaines
années.» Quant au prix de 2000 francs, avec l’accord de ses supérieures,
elle ne doute pas de l’obtenir, Soeur Jeannotat envisage de le consacrer
aux familles dont les enfants croupissent en prison. (apic/pr)