Pour l’Autorité palestinienne, Joseph a été enterré en Egypte

Naplouse: L’armée israélienne affirme que le Tombeau de Joseph va devenir une mosquée

Naplouse, 11 octobre 2000 (APIC) Alors que les travaux de restauration du Tombeau de Joseph à Naplouse ont commencé sur les ordres de l’Autorité palestinienne, l’armée israélienne accuse cette dernière de vouloir transformer ce lieu saint juif en mosquée. Le tombeau controversé – symbole honni de l’occupation israélienne en plein cœur de l’agglomération palestinienne – était protégé comme un bunker. Après sa brusque évacuation dans la nuit de samedi dernier sous la pression des attaques palestiniennes, il avait été sévèrement endommagé.

Cette destruction d’un lieu considéré comme saint par une partie des Israéliens, a provoqué des pogroms anti-arabes en Israël et la destruction d’une mosquée désaffectée dans l’ancienne ville arabe de Tibériade. Le dôme du Tombeau de Joseph a été repeint en vert – couleur traditionnelle de l’islam – et des bulldozers ont commencé à nettoyer les alentours du sanctuaire. L’Autorité palestinienne estime qu’il s’agit en fait d’un lieu saint musulman – la sépulture d’un cheikh de Balata – et non de la tombe de Joseph, qui aurait été enterré en Egypte. C’est dans ce lieu contesté qu’est censé être enterré ce personnage biblique, fils de Jacob et de Rachel, qui avait été vendu par ses frères jaloux et conduit en Egypte.

Querelle sur l’historicité de la Tombe de Joseph, fils de Rachel et de Jacob

Selon les journaux israéliens de mercredi, l’Autorité palestinienne a averti que les fidèles juifs ne recevront pas l’autorisation de prier en cet endroit tant qu’une organisation internationale ou une partie neutre détermine si ce site est un lieu saint juif ou musulman. «Si ce lieu est musulman, il n’y a aucune raison de permettre aux juifs d’y revenir et d’y prier. S’il s’agit effectivement d’un lieu saint juif, alors les juifs pourront venir prier, mais le site restera sous la souveraineté de l’Autorité palestinienne», a déclaré au quotidien israélien «The Jerusalem Post» le maire de Naplouse, Ghassan Shaka’a.

Ghassan Shaka’a a précisé que si l’Autorité palestinienne n’a pas été mesure de protéger ce lieu et de prévenir sa destruction, c’est parce qu’il s’agissait d’une «réaction émotionnelle de la foule» qui a vu tant de personnes mourir et que d’autre part les manifestants ont considéré cet endroit comme un camp militaire et non comme une tombe.

Selon des informations diffusées par les forces de sécurité israéliennes, les Palestiniens auraient d’autre part endommagé et profané la synagogue «Shalom Al Yisrael» à Jéricho, mais aucun responsable israélien n’a pu se rendre sur place étant donné l’interdiction actuelle de se rendre dans les zones A sous contrôle de l’Autorité palestinienne.

C’est un fait que contrairement à ses promesse, l’Autorité palestinienne n’a rien fait pour contenir la foule déchaînée et empêcher la destruction du Tombeau de Joseph. L’Autorité palestinienne a exprimé ses regrets et donné l’ordre à la mairie de Naplouse de reconstruire ce lieu vénéré par certains juifs religieux, mais qui laisse indifférents nombre d’Israéliens laïcs qui estiment qu’il ne vaut pas la peine de mourir pour des pierres. Sept soldats israéliens au moins sont déjà morts en défendant cet endroit exposé. Des historiens affirment même que ce lieu n’est pas la tombe de Joseph, mais celle d’un cheikh arabe enterré sur un lieu saint des Samaritains, une dissidence séparée du judaïsme vivant près de leur montagne sacrée, le Mont Garizim.

Le Tombeau présumé de Joseph, en plein cœur des territoires arabes, était devenu un lieu de pèlerinage pour les colons juifs religieux et les «haredis», les juifs ultraorthodoxes, et pour la population locale, surtout pour les réfugiés du camp de Balata tout proche, le symbole de la persistance de l’occupation israélienne. Petit édifice à coupole de style musulman, cette tombe avait été investie par les colons juifs qui y avaient adjoint une synagogue et la «yeshiva», l’école religieuse juive «Od Josef Chai», dirigée par le rabbin Yitzchak Ginsburg, de la colonie juive de Jitzhar. Ce dernier est un fervent supporter de la vénération de l’extrémiste Baruch Goldstein, le colon de Kyriat Arba qui avait massacré 29 musulmans en prière dans la mosquée d’Hébron. (apic/hhar/jpost/be)

11 octobre 2000 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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