Les Arméniens, une communauté méconnue

Genève: Rencontre de la Commission de dialogue catholique/orthodoxe de Suisse

Par Iso Baumer*, pour l’APIC

Genève,

(APIC) La Suisse ne connaît pas la communauté arménienne: c’est l’une des conclusions de la dernière rencontre, tenue en fin de semaine passée à Genève-Troinex, de la Commission de dialogue catholique/orthodoxe, consacrée à l’Eglise arménienne. La communauté ecclésiale arménienne compte quelque 1’500 membres en Suisse, descendants pour la plupart des rescapés des vagues génocidaires de 1895 et de 1915.

La commission de dialogue entre orthodoxes et catholiques-romains existe en Suisse depuis 20 anns. Elle regroupe six représentants catholiques, choisis par la Conférence des évêques suisses (CES) et six membres des Eglises orthodoxes russe, grecque, roumaine, serbe et du patriarcat œcuménique de Constantinople. A ces délégués s’ajoutent cinq à six membres des Eglises arménienne, copte et syrienne, réformée et catholique-chrétienne.

Les co-présidents Jean Renneteau, orthodoxe, et Barbara Hallensleben, catholique-romaine, ont pris le parti de visiter l’une des Eglises représentées au sein de la commission lors de chaque réunion. Premiers de la liste, les Arméniens, dont le sanctuaire se situe à Genève-Troinex. La communauté regroupe entre 1’000 et 1’500 croyants qui résident en Suisse romande, en Suisse centrale et orientale ainsi qu’au Tessin.

Fuyant le génocide

L’apparition d’une colonie arménienne en Suisse remonte aux massacres perpétrés en 1895 et 1915 par les Turcs contre les Arméniens. Les deux vagues d’exactions ont entraîné l’exode vers la Suisse d’un grand nombre de réfugiés, des orphelins en majorité, ayant perdu leurs parents lors des troubles génocidaires. Des groupes d’entraide se sont constitués, provenant avant tout des milieux évangéliques. La scolarisation des enfants et la pastorale des adultes ont été ensuite mises sur pied. L’action du conseiller fédéral Giuseppe Motta est resté dans toutes les mémoires à cet égard. 1969 a vu l’édification d’une église dans le style classique arménien, avec des salles de réunion, un kiosque de littérature arménienne et des ateliers artisanaux au sous-sol.

Depuis plusieurs décennies, un prêtre, Abel Oghlukian, préside aux destinées de la communauté dispersée et d’origine libanaise. Il a fait son séminaire à Etschmiadzin et a étudié à Vienne. D’où sa prédilection pour l’allemand. Envoyé tout d’abord au Canada, cela fait deux ans qu’il est en Suisse avec sa famille où il s’est mis sans délai en contact avec les autres Eglises.

Journée mondiale des jeunes arméniens en 2001

Le prêtre a ouvert la séance de la Commission de dialogue catholique/orthodoxe par des matines chantées aux côtés d’un archidiacre. Abel Oghlukian a ensuite rappelé les grandes lignes de l’histoire de l’Eglise arménienne en Suisse. Il a également évoqué les festivités qui marqueront en 2001 les 1’700 ans de christianisme en Arménie, avec notamment une journée mondiale réunissant les jeunes de toute la diaspora arménienne à travers le monde.

L’un des derniers survivants de l’époque des massacres contre les Arméniens a témoigné avoir vu son père, autrefois membre des troupes ottomanes, brûlé vif dans sa maison, devant sa femme et ses enfants. A l’heure actuelle, a déclaré le rescapé, la Turquie n’a toujours pas reconnu avoir perpétré un génocide. L’Université de Fribourg, en Suisse, organise au mois de mars 2001 un colloque scientifique et religieux sur l’Arménie avec des intervenants du monde entier. (apic/ib/job/mjp)

23 octobre 2000 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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