L’Eglise catholique réagit aux dérives des chasses aux sorciers

Congo: Les accusations de sorcelleries atteignent les vieux comme les enfants

Kinshasa, 18 octobre 2000 (APIC) Favorisée par la crise économique, par la prolifération des sectes et par la mauvaise influence de la télévision, les fausses accusations de sorcellerie se multiplient. Dans les malheurs, les maladies et les décès, on accuse méchamment un vieux papa ou une maman âgée d’être sorciers. Devant cette «chasse aux sorciers», qui touche un nombre important d’enfants, l’Eglise catholique a chargé une équipe d’organiser des réflexions et des informations afin d’éviter les dérives.

Depuis l’an dernier, l’archidiocèse de Kinshasa a formé une équipe , composée de cinq abbés, deux laïcs et un missionnaire. Cette équipe a déjà organisé plusieurs sessions destinées surtout aux agents pastoraux, mais également à toute personne, chrétienne ou non, intéressée à analyser la sorcellerie.

Du 17 au 21 juillet 2000, au centre Nganda, la 21ème Semaine catéchétique du diocèse s’est tenue avec, comme objectif, l’approfondissement de la foi. Ce sujet comprenait également une analyse du phénomène de la sorcellerie. L’abbé Manianga, spécialiste en bible, et le Père Delanaye, pédagogue et catéchète, ont animé cette réflexion et ont rassuré les participants, qui ont pris des résolutions concrètes pour enrayer les fausses accusations de sorcellerie.

Par la suite, plusieurs doyennés congolais, ainsi que des communautés religieuses, ont consacré une journée d’études animée par l’équipe «Bon Pasteur». Plusieurs autres sessions sont prévues en novembre et au cours des mois suivants, notamment dans des écoles.

Enfants et vieillards accusés injustement

C’est suite à des dérives manifestes que l’archidiocèse a décidé d’enrayer la chasses aux sorciers, qui touchent notamment des personnes âgées, et même souvent des enfants.

A Kingabwa, par exemple, un vieillard a été sauvé de justesse par un groupe de chrétiens. Des membres de sa famille lui avaient déjà lié les mains et s’apprêtaient à lui enfiler un collier le désignant comme sorcier.

Un petit enfant de quatre ans, accusé d’avoir envoûté ses parents morts du SIDA, avait été chassé de sa famille. La paroisse l’a recueilli et confié à un orphelinat. A Foncobel, au risque de sa vie, une femme courageuse a sauvé un enfant accusé de sorcellerie. Un groupe en furie l’avait mis dans un sac et voulait le jeter à la rivière. Bien que veuve et mère de neuf enfants, la femme l’a adopté sous son toit. Au Centre Bondeko, une adolescente a été recueillie alors qu’elle avait été chassée de chez elle, accusée d’être sorcière. Cette jeune fille absolument normale vit dans la communauté et se rend régulièrement en classe.

«Là, on nous aime»

A Kinshasa, les maisons fondées pour accueillir les enfants de la rue constatent que la plupart d’entre eux ont été chassés de leurs familles sous l’accusation de sorcellerie. Arrivés dans ces maisons, les responsables ne leur parlent jamais de ces accusations. Ils les aiment, les aident, les nourrissent, les envoient à l’école. Ces enfants étaient traumatisés et se croyaient sorciers. Pendant quelques mois, ils se retrouvent dans une atmosphère d’affection, de respect, de confiance. Ils abandonnent alors toutes ces idées, cessent de rêver et de faire des cauchemars. Ils se constatent parmi leurs compagnons. En parlant de ces maisons, les enfants de la rue disent: : là, on nous aime! (apic/dia/bb)

24 octobre 2000 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!