Jérusalem: Querelle sur le «copyright» des Manuscrits de la Mer morte
La Cour suprême donne raison au professeur Elisha Qimron
Jérusalem, 1er septembre 2000 (APIC) Après huit ans de procédure, la querelle judiciaire sur le «copyright» des Manuscrits de la Mer morte, les rouleaux des textes de la Bible trouvés dans les grottes de Qumran en 1947, a enfin trouvé son épilogue. La Cour suprême israélienne à Jérusalem a en effet donné raison au professeur Elisha Qimron, de l’Université Ben-Gourion. L’érudit avait déchiffré des passages des Manuscrits de Qumran publiés aux Etats-Unis sans son accord. Son nom n’avait même pas été mentionné et aucun droit d’auteur ne lui avait été payé.
En 1992, le professeur Elisha Qimron a porté plainte devant le Tribunal de District de Jérusalem pour faire cesser la dstribution du livre «Une édition en fac-similé des Manuscrits de la Mer morte» publié aux Etats-Unis. Cet ouvrage contenait des extraits déchiffrés par le professeur Qimron. Ce dernier a porté plainte et demandé des compensations financières pour violation du «copyright» et du «droit moral» à voir son nom publié.
L’auteur Hershel Shanks et les éditeurs James Robinson et Robert Eisenman avaient recouru auprès de la Cour Suprême israélienne contre une première condamnation du Tribunal de District. La Cour Suprême les a condamnés à payer des dommages et intérêts de quelque 40’000 francs suisses, plus les frais d’avocats et autres dépens, et de rendre au professeur Qimron les copies du livre litigieux ainsi que les plaques d’impression. Elisha Qimron, qui enseigne la langue hébraïque, a salué le verdict du tribunal. Il avait qualifié de «vol scientifique» la publication de son travail sans son autorisation, rapporte le quotidien israélien «Ha’aretz».
11 ans de travail de bénédictin
Le professeur israélien a passé 11 ans, dans les années 80, à déchiffrer péniblement – grâce à des analyses d’écriture et des comparaisons de textes – 70 fragments déchirés du Manuscrit. Il a ainsi pu mettre ensemble 121 lignes du textes et donner son nom au rouleau, qui était auparavant connu sous le nom de «Manuel de discipline». Ce manuscrit a été découvert à Qumran, dans les années 50, dans une grotte du désert de Judée surplombant la Mer morte, au milieu de 15’000 fragments d’autres rouleaux. Ces manuscrits étaient issus de la communauté essénienne, qui menait une vie ascétique dans le désert, et à laquelle aurait appartenu Jean le Baptiste.
Le professeur John Strognal, de l’Université de Harvard, a été chargé de restaurer le rouleau, mais il n’avait pas les connaissances linguistiques suffisantes ni la familiarité avec la «halakah», la loi juive qui contient les commandements à suivre. C’est ainsi qu’est revenu au professeur Qimron la responsabilité de déchiffrer les textes. Le savant israélien a été profondément blessé de voir son travail publié en entier aux Etats-Unis sans que les éditeurs ne mentionnent même son nom.
Ces derniers avaient obtenu les textes de Qimron par le biais d’un chercheur polonais qui avait été consulté au sujet du manuscrit comme l’avaient été d’autres collègues dans le monde. Le professeur Qimron voit là un nouvel exemple du système de plagiat en vigueur dans les milieux académiques. Ce jugement va certainement avoir des conséquences sur les droits et les devoirs des scientifiques. Les éditeurs de la «Revue d’archéologie biblique» ayant publié le texte incriminé ont affirmé pour leur défense que leur publication de 1991 avait pour but de battre en brèche le «monopole» de l’équipe internationale de chercheurs qui avait un accès réservé aux Manuscrits de la Mer morte. (apic/kna/haar/be)