Vatican: Présentation à la presse du document «Dominus Iesus»
Sus à la «théologie du pluralisme religieux» et au «relativisme»
Rome, 5 septembre 2000 (APIC) C’est pour répondre à ce qu’on appelle la «théologie du pluralisme religieux», qui se répand «non seulement dans les milieux théologiques, mais aussi plus largement dans l’opinion publique catholique» que le Vatican a décidé de publier la Déclaration «Dominus Iesus». Le cardinal Josef Ratzinger a donné cette précision le 5 septembre, lors de la conférence de presse de présentation de la «Déclaration ’Dominus Iesus’ sur l’unicité et l’universalité salvifique de Jésus-Christ et de l’Eglise», rédigée par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.
Le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a longuement évoqué le «relativisme» actuel, qui «s’affirmait déjà dans les années 50, mais qui a pris aujourd’hui une importance fondamentale pour la conscience humaine», le «rejet» d’une révélation pleine et définitive par le Christ ouvrant la voie à la «thèse erronée selon laquelle les religions dans le monde sont un complément à la révélation chrétienne».
Pas une menace contre la tolérance et la liberté
Le cardinal Ratzinger a ainsi souligné avec force que si l¹on considère l’unicité et l’universalité salvifique du Christ et de l’Eglise comme «une espèce de fondamentalisme qui serait un attentat contre l’esprit moderne et représenterait une menace contre la tolérance et la liberté, le concept de dialogue assume alors une signification radicalement diverse de celle du Concile Vatican II. Le dialogue, ou même l’idéologie du dialogue se substitue à la mission et à l’urgence de l’appel à la conversion». En d’autres termes, «le dialogue n’est plus une voie pour découvrir la vérité (…) mais consiste à mettre sur le même plan sa propre position ou sa propre foi et les convictions des autres». Le dialogue est alors réduit à «un échange entre positions fondamentales (…) pour arriver à une collaboration maximale et une intégration entre les différentes religions».
De même, continue le cardinal, on voit se développer actuellement un «faux concept de tolérance». «Le principe de tolérance et de respect de la liberté de conscience, de pensée et de religion (…) est une position éthique fondamentale» et il ne peut être réduit au fait de mettre sur le même plan les contenus des différentes conceptions religieuses», comme si une vérité objective et universelle n’existait plus». Dans le contexte actuel «d’intérêt croissant pour des mondes religieux inconnus», affirme cependant le prélat, il est légitime de parler d’enrichissement mutuel». Mais l’estime et la compréhension des autres religions «ne diminue pas l’originalité et l’unicité de la révélation du Christ et ne limite en aucun cas le devoir missionnaire de l’Eglise», conclut-il.
Une déclaration est de «nature magistérielle universelle»
Pour sa part, Mgr Tarcisio Bertone, secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a commenté le genre littéraire de ce document. C’est une ’déclaration’, qui donc «n’enseigne pas de nouvelle doctrine (…), mais réaffirme et résume la doctrine de la foi catholique». Cette déclaration est de «nature magistérielle universelle», car elle a été signée par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi avec l’approbation expresse du pape. En d’autres termes, explique le secrétaire de la Congrégation, c’est «un acte d’enseignement du Magistère», à valeur doctrinale et non «pas simplement à valeur orientative et disciplinaire» ou se présentant comme «une simple opinion théologique».
Quel degré d’autorité doit-on donc lui donner ? «Il n’a pas de caractère infaillible, car il émane d’un organisme inférieur au pape et au collège des évêques en union avec le pape» répond Mg Bertone, «cependant les enseignements de vérité de foi et de doctrine catholique qu’il contient exigent de la part de tous les fidèles un assentiment définitif et irrévocable (…), du fait qu’ils appartiennent au patrimoine de foi de l’Eglise».
A compléter par une exhortation, pour le cardinal Eyt
«Ce document est d’un grand intérêt pour la théologie» a affirmé à l’APIC le cardinal Pierre Eyt, archevêque de Bordeaux, présent à Rome pour la publication de cette déclaration. «Il sera un stimulant pour évaluer les méthodes de certaines pratiques actuelles». Interrogé sur le ton du document, le cardinal Eyt estime que c’est un texte très sérieux et bien rédigé, qu’il faudra évidemment toujours compléter par une exhortation, un partage d’expérience. Un tel document n’est pas une homélie !»
Quant au cardinal américain William Keeler, archevêque de Baltimore, également membre de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et présent à la conférence de présentation, il a confié à l’APIC que ce document «clarifie certains points et il est, de ce fait, un grand encouragement pour la poursuite du dialogue inter-religieux.» (apic/imedia/be)