Rome: La diffusion de «Big Brother» suscite des réactions en Suisse et au niveau mondial

Le Vatican prend position sur les «reality shows»

Rome, 15 septembre 2000 (APIC) L’émission de télévision controversée «Big Brother» est diffusée sur la chaîne de télévision suisse alémanique TV3 ainsi que sur des chaînes italiennes. Un véritable débat éthique surgit en Suisse et à travers le monde.

L’émission «Big Brother», conçue à l’origine pour la télévision néerlandaise fait son apparition en Suisse, à Glattenfelden (Zurich). Durant 105 jours, douze candidats sont enfermés dans des conteneurs-maisons entourés d’une palissade et n’ont aucun contact avec le monde extérieur. Tous les faits et gestes des concurrents sont filmés, y compris la douche ou encore les ébats amoureux. Toutes les deux semaines, l’un des protagonistes est éliminé sur la base du jugement des autres habitants de la maison et des spectateurs. Le dernier rescapé à rester en lice gagne une somme de 125’000 dollars.

Ce «reality show» s’inscrit dans la même lignée qu’»Expédition Robinson», jeu qui consiste à laisser des candidats livrés à eux-mêmes sur l’île malaisienne de Tengha. Le succès de cette émission n’est pas basé sur l’aventure ou les beaux paysages mais sur les bons et les méchants qui accompagnent le téléspectateur tout au long de la semaine.

Un «reality show» qui encourage au voyeurisme

L’aspect le plus troublant de l’émission «Big Brother» est que les caméras vidéo tournent en permanence dans tous les endroits de la maison, explique le cardinal Poupard, président du Conseil pontifical de la Culture. Cela constitue un encouragement tacite au voyeurisme genre «peepshow». «Lorsque des caméras filment tous les aspects de la vie quotidienne, il y a quelque chose qui cloche», poursuit le prélat.

Dans son édition du 11 et du 12 septembre, l’»Osservatore Romano», le journal du Vatican, a reproduit un éditorial de l’association de la presse catholique doutant de trouver quoi que ce soit de positif dans la première diffusion de «Big Brother». L’émission joue sur le désir plus ou moins conscient de voler l’intimité des personnes filmées, excitant ainsi la curiosité malsaine du public.

Véritable débat éthique

Robert Neuhaus, chef de presse de la chaîne publique suisse allemande SF-DRS, a expliqué qu’une telle programmation n’aurait pas pu être envisagée chez eux. «Nous avons une autre philosophie de programmes. Nous refusons d’exposer des individus aux yeux de tout le monde», a-t-il encore précisé. Même son de cloche à la Télévision Suisse Romande (TSR) chez Manon Romerio, responsable de la communication: «Du point de vue éthique, la TSR ne souhaite pas se lancer sur ce genre de projets. Notre but n’est pas de faire de l’audience à tout prix».

Pour le père Robert Gahl de l’Opus Dei, participer à un «reality show» démontre que l’on ne se considère pas réellement comme une personne humaine. En offrant leur intimité à l’œil de la caméra, les protagonistes «acceptent d’être traités comme des objets».

En outre, la compétition amène certains participants au jeu à se montrer retors et à provoquer des querelles stratégiques. «Est-ce juste d’encourager la duplicité et les conflits, en incitant effectivement les gens à commettre des actes viles que l’on qualifierait de péchés en d’autres circonstances? Il semble qu’il n’y ait pas de place pour les saints au pays de ’Big Brother’», s’est exclamé le cardinal Poupard, qui met en évidence la contradiction entre l’attitude de censeur, attendue des protagonistes et des spectateurs, et la société d’aujourd’hui qui a banni le concept de péché. «Il est surprenant de voir l’indignation du public devant les comportements qu’il juge inacceptables».

Le cardinal Paul Poupard demande que l’on prenne en compte soigneusement la sensibilité des gens avant de faire entrer une émission dans la grille des programmes. Le débat éthique a sa place même dans ce genre d’émissions basées uniquement sur les taux d’audience et les parts de marché publicitaire, ajoute le cardinal. «Ce débat offre la possibilité de former l’opinion et de confronter le cœur et l’intelligence non seulement au rejet des valeurs mais surtout au développement des aspects positifs du comportement humain». (apic/cns/ll/mjp/fm)

15 septembre 2000 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
Partagez!