La fête pour 2 millions de jeunes et le pape

JMJ: Veillée des jeunes avec Jean Paul II

Rome, 20 août 2000 (APIC) Deux millions de jeunes de plus de 160 pays ont assisté avec Jean Paul II à la grande veillée de la Journée mondiale de la jeunesse, à Rome le soir du 19 août, sur le campus universitaire de Tor Vergata, au sud-est de la ville, non loin des montagnes, en présence de près de 600 évêques et cardinaux.

Arrivés à pied tout au long de la journée sur le terrain ­ les premiers étant entrés à Tor Vergata à 2 heures du matin ­ les jeunes se sont installés sous un ciel uniformément bleu et une chaleur de plus de 35 %. Assis pour s’abriter du soleil sous les drapeaux de leurs pays, ou debout malgré la chaleur à crier leur enthousiasme en agitant leurs foulards, ils ont été régulièrement arrosés par des lances à eaux.

Rassemblés à perte de vue sur les 330 hectares du campus, ils ont ainsi pu suivre en direct ou sur grands écrans, depuis 11 heures du matin, un programme ininterrompu de témoignages et d’animations musicales en plusieurs langues. Un groupe d’handicapés en fauteuils roulants, des chorales internationales de nombreux mouvements d’Eglise, le chanteur italien Angelo Branduardi, des chorégraphies asiatiques, des gospels, ou encore des chants byzantins exécutés par le choeur roumain de la faculté orthodoxe de théologie de Bucarest, se sont tour à tour exprimés. Le tout avait été coordonné par le groupe «Hope music» de la Conférence épiscopale italienne, et accompagné par moments par des lâcher de cerf-volants et de ballons de baudruche.

A plusieurs reprises enfin, des centaines de jeunes sont montés sur le podium central – une construction de 150 mètres de long, surmontée d’une immense croix de 36 mètres, comme le baldaquin de la tombe de saint Pierre dans la basilique vaticane ­ pour chanter l’hymne des JMJ, «Emmanuel».

Un large sourire

Les groupes ont continué à arriver sur le campus ­ la température s’étant finalement quelque peu rafraîchie – lorsque l’hélicoptère de Jean Paul II a atterri vers 19h30 à Tor Vergata en provenance de Castelgandolfo. Le pape est aussitôt monté dans sa papamobile pour entreprendre le tour de l’aire occupée par les jeunes et répondre à leurs acclamations. Une demi-heure après, alors que le soleil se couchait, il est descendu de voiture sous les cris de la foule, pour marcher quelques mètres en tenant par la main cinq jeunes représentant les cinq continents, que l’on distinguait par leurs habits caractéristiques, suivi du cardinal Camillo Ruini, vicaire de Rome. C’est un large sourire que des milliers de jeunes ont pu alors découvrir sur le visage du pape grâce à des écrans géants, lorsqu’il a échangé quelques mots avec les cinq jeunes, avant de remonter dans sa papamobile, pour poursuivre le tour des allées du campus et rejoindre finalement le podium central, lui aussi envahi de jeunes.

Vivre sa foi

A ces moments ont succédé des danses et des chants joyeux, notamment grâce à un choeur africain manifestement apprécié par Jean Paul II qui battait la mesure de sa main droite. Enfin, après des prières et des témoignages de jeunes marqués par la souffrance, dont un Angolais et une jeune fille de l’Eglise gréco-catholique roumaine, Jean Paul II a pris la parole pour un discours centré sur la foi chrétienne, et sur la manière dont les jeunes de l’an 2000 peuvent la vivre quotidiennement.

«La foi est la réponse de l’homme raisonnable et libre à la parole du Dieu vivant», a expliqué le pape, alors que ses paroles étaient traduites par radio en dix-sept langues, dont le japonais, le chinois et l’arabe. Cette réponse, a précisé Jean Paul II, demande une «rencontre personnelle» avec le Christ, pour prendre conscience qu’il est «non seulement Seigneur et Dieu du monde et de l’humanité, mais Seigneur et Dieu de mon existence humaine concrète».

Nombreuses interruptions

Le pape a dû alors s’interrompre à cause des applaudissements. Surpris et amusé, il a reconnu en souriant: «Il fallait cette initiative de votre part, parce que j’ai trop parlé !»

Jean-Paul II a pourtant poursuivi par un développement sur le martyre. «Il ne vous sera peut-être pas demandé de verser votre sang, mais de garder la fidélité au Christ, oui, certainement ! a-t-il lancé aux jeunes. Une fidélité à vivre dans les situations quotidiennes: je pense aux fiancés et à leur difficulté de vivre dans la pureté, au sein du monde actuel, en attendant de se marier. Je pense aux jeunes couples et aux épreuves auxquelles est exposé leur engagement de fidélité réciproque. Je pense aux relations entre amis et à la tentation de manquer de loyauté qui peut s’insinuer entre eux».

Après plusieurs interruptions le pape a poursuivi: «Chers jeunes, dans un tel monde, est-il difficile de croire ? En l’an 2000, est-il difficile de croire ? Oui, c’est difficile ! On ne peut pas le nier». «C’est difficile, mais avec la grâce, c’est possible !» a répété le pape avec force à plusieurs reprises. «C’est Jésus que vous cherchez quand vous rêvez de bonheur. C’est lui qui vous attend quand rien de ce que vous trouvez ne vous satisfait. C’est lui qui suscite en vous le désir de faire de votre vie quelque chose de grand, la volonté de suivre un idéal, le refus de vous laisser envahir par la médiocrité, le courage de vous engager avec humilité et persévérance pour vous rendre meilleurs, pour améliorer la société, en la rendant plus humaine et plus fraternelle».

«Merci pour ce dialogue»

«Chers jeunes du siècle qui commence, en disant `oui’ au Christ, vous dites `oui’ à chacun de vos plus nobles idéaux. Je prie pour que le Christ règne dans vos coeurs et dans l’humanité du nouveau siècle et du nouveau millénaire. N’ayez pas peur de vous en remettre à lui. Il vous guidera, il vous donnera la force de le suivre chaque jour et en toute situation».

«Quelle force, quelle force il faut pour applaudir autant !» a ensuite commenté le pape en souriant. «Et qu’est-ce que je vais faire maintenant ? Il est presque onze heures ! Merci pour ce dialogue ! Grâce à vous, ce n’était pas un monologue mais un vrai dialogue». Alors que l’orchestre entonnait de nouveaux chants, Jean Paul II a levé les bras pour les balancer en l’air en imitant les jeunes. Mais l’un d’eux s’est alors détaché de son groupe pour grimper en courant la trentaine de marches du podium et se jeter dans ses bras. Les membres de la sécurité ne l’ayant pas arrêté, contrairement à plusieurs autres auparavant, il s’est serré contre le pape en pleurant, pour lui parler à l’oreille.

Jean Paul II a ensuite remis solennellement l’Evangile à cinq jeunes représentant les continents. «C’est le don que le pape vous fait en cette veillée inoubliable, leur a-t-il dit. La parole qu’il contient est la parole de Jésus. Si vous l’écoutez en silence, dans la prière, vous rencontrerez le Christ et vous le suivrez, engageant jour après jour votre vie pour lui !»

La veillée s’est encore poursuivie par une profession de foi solennelle, les jeunes répondant tous ensemble, et en latin, «je crois» aux questions du pape, en tendant, allumées, les bougies de leurs lampes de terre cuite trouvées dans leur «sac du pèlerin». «Je repars rajeuni», a finalement lancé le pape. «Je vous salue tous, spécialement ceux qui sont loin derrière et ne voient rien ! Mais s’ils ne voient pas, ils peuvent au moins entendre ce vacarme, ce vacarme que Rome a entendu ces jours-ci et qu’elle n’oubliera jamais !»

Une bénédiction solennelle de Jean Paul II puis un grand feu d’artifice en musique a enfin conclure la soirée vers 23 h 30, avant que le pape ne quitte finalement Tor Vergata, et que les jeunes ne s’installent pour passer la nuit à la belle étoile en attendant la messe du lendemain matin. (apic/imed/pr)

20 août 2000 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 5  min.
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