Questions polémiques abordées
Brésil: Les Communautés ecclésiales de base réalisent leur rencontre nationale
Ilhéus, 5 juillet 2000 (APIC). La ville brésilienne d’Ilhéus, dans le sud de l’Etat de Bahia, se prépare à recevoir les participants de la réunion de 10º Réunion des Communautés ecclésiales de base (CEB). L’événement, qui se déroulera du 11 au 15 juillet, aura comme thème: «CEB, peuple de Dieu – 2000 ans de marche» et pour slogan «CEB mémoire et marche, rêve et engagement».
Plus de 3’000 délégués brésiliens venus de tout le pays et des représentants de l’Amérique latine, des Caraïbes et de pays d’autres continents. Ils marqueront à leur manière les 2000 ans de la naissance du Christ, les 500 ans du début de l’évangélisation du Brésil liée à la colonisation portugaise et les 25 ans du début des grandes réunions des CEB.
Pendant les cinq jours de l’Assemblée, les participants vont approfondir plusieurs questions qui touchent le quotidien des communautés ecclésiales de base. Selon l’opinion du théologien de la libération, Clodovis Boff, frère de Leonardo, la rencontre sera marquée par les préoccupations des mouvements populaires et syndicaux. «Particulièrement en ce moment où se manifeste publiquement l’insatisfaction populaire face à la paupérisation et où le gouvernement néo-libéral du président Fernando Henrique Cardoso perd sa crédibilité».
Questions internes à l’Eglise catholique
D’autres questions polémiques, liées à l’Eglise catholique, ne seront pas esquivées: Entre autres, le rôle de la femme dans l’Eglise, sans oublier la question controversée de leur ordination sacerdotale dans le futur, la formation des futurs prêtres, le respect des vœux des communautés dans le choix des évêques et la question de la place grandissante des charismatiques dans l’Eglise.
La relation de l’Eglise avec les Noirs et la réalité des religions afro-brésiliennes, thème abordé lors de la dernière Assemblée des CEB à Sao Luis du Maranhao, va être aussi approfondi. Le théologien noir Antonio Aparecido, appelé familièrement «Toninho» déclare à ce sujet que «les Noirs doivent assumer leurs racines présentes dans les traditions religieuses et culturelles noires, niées depuis toujours par les dominants».
Visage plus africain et moins européen
Défenseur d’une Eglise catholique brésilienne avec un visage plus africain et moins européen, Toninho a laissé récemment son poste de curé de la paroisse à d’Achiropita, au coeur de la ville de São Paulo, pour se consacrer totalement à l’enseignement et pour accompagner les CEB et mouvements noirs au Brésil et dans d’autres pays latino-américains. La paroisse d’Achiropita, en tout au cas, continuera à être une référence pour la pastorale et la liturgie des communautés qui valorisent des éléments de la culture noire dans ses céélébrations, baptêmes et mariages.
Au delà de ces expériences «inculturées» au sein de l’Eglise catholique dont parle le théologien Antonio Aparecido, il s’agira aussi à Ilhéus d’approfondir le dialogue avec les adeptes des religions d’origine africaine (candomblé ou macumba) spécialement bien implantées dans l’Etat de Bahia, Salvador, la capitale, ayant été le premier port important où débarquaient les esclaves africains.
Pour le théologien Faustino Teixeira, professeur des sciences de la religion de l’Université fédérale de Juiz de Fora, dans l’Etat de Minas Gerais, un autre point important de l’Assemblée d’Ilhéus sera la présence relativement importante de délégués indiens. La problématique des Indiens vient de recevoir un grand coup de projection médiatique à l’occasion de la célébration du 500e anniversaire de la «découverte» du Brésil par les Portugais. Et grâce aussi à la violente répression policière dont ils furent victimes lors de la «marche indienne», à Coroa Velmelha, au sud de l’Eta de Bahia, au mois d’avril dernier. (apic/plp/ba)