Il a été l’une des grandes voix de l’Eglise africaine
Burkina Faso: Décès du cardinal Paul Zoungrana
Ouagadougou, 5 juin 2000 (APIC) Le cardinal Paul Zoungrana, archevêque de Ouagadougou pendant un peu plus de 35 ans, de 1960 à 1995, est décédé dimanche dans la capitale du Burkina Faso à l’âge de 82 ans. Avec sa disparition, l’Eglise africaine et universelle perd un grand acteur de l’époque de la décolonisation et de l’inculturation postconciliaire.
Né de parents chrétiens (son père resta toute sa vie au service de la mission) le 3 septembre 1917 à Ouagadougou, capitale de ce qui s’appelait alors la Haute-Volta, Paul Zoungrana fréquenta l’école des soeurs, puis le petit et le grand séminaire. Ordonné prêtre en 1942, il fut pendant six ans vicaire à Ouagadougou, avant d’entrer chez les Pères Blancs, qui l’envoyèrent faire son noviciat en Algérie, puis à Rome, pour un doctorat en droit ecclésiastique à la Grégorienne, avec une thèse sur «La liberté du consentement matrimonial chez les Mossi» (1952), et à Paris, pour une licence en sciences sociales à l’Institut Catholique. Rentré au pays en 1954, il fut professeur de séminaire, puis chargé en 1959 de l’organisation et de la direction d’un service d’informations sociales à Bobo-Dioulasso.
Jean XXIII le nomma archevêque de Ouagadougou le 12 avril 1960 et l’ordonna évêque le 8 mai suivant dans la basilique vaticane. Le 22 février 1965, Paul VI fit de lui le plus jeune membre du Sacré-Collège et le deuxième cardinal de race noire (après le cardinal Rubamgwa, créé par Jean XXIII en 1960). Il participa activement, comme jeune évêque africain, aux travaux du Concile Vatican II, dont il fut le fidèle témoin dans tout le continent.
Le père de l’»Eglise-famille»
Le cardinal Zoungrana fut à la base de la création en 1969, à l’occasion de la venue de Paul VI à Kampala, en Ouganda, du Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar, et il présida aux destinées de cet organisme panafricain durant plusieurs années. Il était surtout connu pour son intérêt pour la famille africaine – qu’indique déjà sa thèse défendue à la Grégorienne. Il fut l’une des grandes voix de l’Afrique au Synode des évêques sur la famille (1980). Depuis 1977, ses déclarations sur l’Eglise perçue comme famille de Dieu ont nourri la réflexion des théologiens africains. C’est dans leur foulée que le Synode africain tenu en 1994 a consacré le concert de «l’Eglise-famille».
Lundi 5 juin, une messe de requiem a été célébrée à la cathédrale de l’Immaculée Conception de Ouagadougou. La célébration des funérailles solennelles aura lieu samedi 10 juin dans la même cathédrale, sous la présidence du cardinal Jozeph Tomko, préfet de la Congrégation pour l’Évangélisation des peuples (Rome).
Suite au décès du cardinal Zoungrana, Jean Paul II a adressé à son successeur sur le siège de Ouagadougou, Mgr Jean-Marie Compaoré, un télégramme dans lequel il rend hommage à un «serviteur zélé et fidèle de l’Eglise». Le pape rend grâce à dieu «pour les longues et fécondes années de ministère épiscopal de cet éminent fils du Burkina Faso et de l’Afrique, qui s’est dépensé sans compter pour l’annonce de la bonne nouvelle du salut à tous, pour le service fraternel et la promotion des peuples plus défavorisés, particulièrement dans la région du Sahel».
Après le décès du cardinal Zoungrana, le collège des cardinaux compte 147 membres, dont 100 électeurs du pape en cas de conclave (étant âgés de moins de 80 ans), parmi lesquels 13 cardinaux africains (dont 12 électeurs du pape) représentant autant de pays: Angola, Bénin, Cameroun, Ethiopie, Kenya, Madagascar, Mozambique, Nigeria, Sénégal, Tanzanie, Ouganda et Congo-Kinshasa. (apic/cip/imed/pr)