L’église du lieu est toujours occupée par un groupe d’intégristes
France: ou en est-on à Port-Marly? (130289)
Paris, 13février(APIC) Dans la nuit du 28 au 29 novembre 1986, après une
année de débats et de conflits avec l’évêché de Versailles, l’église StLouis de Port-Marly, une petite ville de la banlieue parisienne, est occupée par un groupe d’intégristes rassemblés autour de l’abbé Arnaud de
Blignières. C’est la seconde église de la région parisienne ainsi prise de
force: la première, St-Nicolas du Chardonnet, à Paris, est occupée depuis
le 27 février 1977.
Lorsque se produit le schisme lefebvriste, le 30 juin 1988, alors que
les «paroissiens» de St-Nicolas du Chardonnet, à la suite de leur «curé»,
l’abbé Laguérie, emboîte le pas à Mgr Lefebvre, l’abbé de Blignères refuse
de rompre avec Rome et encourage ses «paroissiens» à demeurer dans l’Eglise. La création de la Fraternité St-Pierre, destinée à accueillir les
prêtres et séminaristes disciples de Mgr Lefebvre, qui refusent de le suivre dans le schisme, apparaît comme une issue possible. Sans être membre de
cette fraternité, l’abbé de Blignières en est proche. Il se rend à Rome
pour affirmer sa volonté de rester dans l’Eglise.
Un dialogue peut alors s’engager avec l’évêque de Versailles, Mgr JeanCharles Thomas, dont dépend la paroisse de Port-Marly. Celui-ci félicite
l’abbé de Blignières pour sa démarche de fidélité, mais lui rappelle aussi
que, tant que l’église est occupée, il se trouve en situation d’infraction.
En octobre 1988, le maire de Versailles, André Damien, que le tribunal a
nommé médiateur dans cette affaire, invite les occupants de l’église
de St-Louis à une réunion. Quelque 200 à 250 personnes répondent à l’invitation. Il leur propose d’écrire individuellement à l’évêque de Versailles
pour affirmer leur volonté de rester en communion avec lui: près de 200
personnes écrivent à l’évêché pour faire acte d’allégeance et solliciter
l’autorisation de continuer tout ce qu’il font. Mgr Thomas répond à chacun
individuellement, en rappellant le motu proprio publié par Jean Paul II au
mois de juillet: l’accord signé le 5 mai 1988 par le cardinal Joseph Ratzinger et Mgr Lefebvre (et dénoncé par celui-ci dès le lendemain) reste la
base proposée à ceux qui «désireraient rester unis au successeur de Pierre
dans l’Eglise catholique en conservant leurs traditions spirituelles et liturgiques». Depuis l’envoi de cette lettre, aucune réaction. Mais, préciset-on à l’évêché de Versailles, «Mgr Thomas ne demandait pas explicitement
qu’on lui écrive pour dire son accord».
Les paroissiens se sentent abandonnés
L’évêque de Versailles et le Père de Blignières cherchent une solution,
car actuellement, l’église de Port-Marly est toujours occupée, en totale
illégalité. Alors que faire? Statut quo? Cela ne pourrait pas clarifier la
situation. Quitter l’église de Port-Marly avec les membres de la communauté
qui veulent suivre l’abbé de Blignières, et s’installer dans une autre
église ou chapelle? Mais tout le monde le suivra-t-il? Une chose est sûre,
a déclarer à l’agence APIC le Père Marcel Béguin, porte-parole de l’évêché:
«Les deux communautés sont trop blessées pour entamer un dialogue et envisager des solutions de cohabitation ou de séparation». Et il ajoute: «Les
choses traînent en longueur. Les vrais paroissiens se sentent abandonnés et
ont l’impression que Mgr Thomas et l’abbé de Blignières combinent derrière
leur dos des solutions défavorables».
Un noyau dur d’intégristes
Blessés, ils le sont en effet, les paroissiens de Port-Marly «hors les
murs»! «Pour nous, rien n’est résolu. On nous dit que l’abbé de Blignières
veut rester fidèle à l’Eglise, mais ce n’est pas obéir à l’Eglise que d’occuper une église paroissiale», a expliqué à l’agence APIC Mme Godet, présidente de l’association des paroissiens expulsés de leur église. «Si l’abbé
de Blignières se soumet à Rome, il doit aussi se soumettre à l’évêque de
Versailles et quitter l’église St-Louis avec ses fidèles. Mais parmi ses
fidèles, il y a des traditionalistes et un noyau dur d’intégristes: au
nombre des gens qui ont mis le feu au cinéma St-Michel qui projetait le
film de Scorsese, il y a des jeunes qui vont à la messe à Port-Marly».
Les paroissiens de Port-Marly – les vrais, alors que la plupart des occupants de l’église viennent de toute la région parisienne – sont toujours
relégués dans la salle paroissiale, de l’autre côté de la rue. Leur curé,
le Père Pierre Caro, est toujours interdit de pénétrer dans son église.
André Damien, le médiateur dont on attend les conclusions, n’a encore rien
dit! Chez les paroissiens de Port-Marly règne une certaine tristesse. «Nous
demandons que Mgr Thomas leur donne une chapelle, explique la présidente:
on saura alors à qui nous avons à faire. Ceux qui ne suivront pas l’abbé de
Blignières dans cette chapelle montreront qu’ils sont des schismatiques.
Quand le Père Caro entrera dans les lieux, si certains des occupants veulent venir aux cérémonies, nous sommes prêts à les accueillir…»
Le 30 juin dernier, c’était le schisme. Les fidèles de Mgr Lefebvre se
sont alors déterminés: les uns l’ont suivi dans sa dissidence. les autres
ont choisi la communion de l’Eglise. Les choses semblaient claires. Et
pourtant, à Port-Marly, église toujours occupée, on attend encore la solution… (apic/mjh/pr)