Désaccord sur le nom du successeur de Mgr Dubost

France: Le nouvel évêque aux Armées se fait attendre

Celui désigné par le pape ne serait pas accepté par la France

Paris, 27 avril 2000 (APIC) Le 15 avril dernier, le pape nommait Mgr Michel Dubost, évêque aux armées françaises, évêque d’Evry-Corbeil-Essonnes. Mais, contrairement à l’usage, le nom de son successeur à la tête du diocèse aux armées, n’était pas simultanément publié. Le journal «La Croix» révèle dans son édition du 27 avril que le blocage vient du gouvernement français. En cause, semble-t-il, la personnalité controversée du pressenti, Mgr Patrick Le Gal, 47 ans, évêque de Tulle, en Corrèze, connu à Fribourg .

Mgr Dubost a quitté son poste le 15 avril, le jour de ses 58 ans, l’âge de la retraite pour les hauts cadres de l’armée française. Si son successeur n’a pas encore été désigné, c’est, selon «La Croix», parce que le ministre de la Défense, Alain Richard, «bloquerait» la nomination de Mgr Patrick Le Gal.

Or, note le quotidien catholique, l’improvisation n’est pas le genre du Saint-Siège en matière de nomination d’évêque. Un nom a en effet été proposé par le Saint-Siège au gouvernement français, qui est toujours consulté formellement pour les nominations d’évêques. Même si cette procédure ne donne pas à la France un droit de veto, elle permet, le cas échéant, des ajustements. Selon cette pratique, le Saint-Siège attend toujours le feu vert de Paris avant de publier le choix définitif. Or, dans ce cas précis, Rome attend toujours.

Le blocage vient donc du gouvernement français, selon «La Croix», en l’occurrence, le ministère des Affaires étrangères. Ce dernier transmet le choix romain à trois destinataires : la présidence de la République, le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur (chargé des cultes) qui, après cette triple consultation, retransmet au Saint-Siège le «nihil obstat» républicain. «Trois consultés – avec plusieurs avis positifs -, écrit «La Croix», mais, dans ce cas particulier, un oublié: le ministère de la Défense lui-même ! Cet impair, selon plusieurs sources concordantes et autorisées (sauf le ministère de la Défense, silencieux à cet égard), serait l’un des éléments du «blocage».

Un évêque atypique

Le quotidien évoque une seconde explication, «plus politique», qui toucherait la personnalité de Mgr Le Gal. Il cite François Hollande, député de Corrèze: «Il n’est certainement pas intégriste, c’est un évêque actif, jeune, qui connaît bien l’économie. Il défend ses idées». Le Service Religion de «La Croix», qui signe l’article, ajoute pour sa part: «Atypique – avant de devenir prêtre, ce jeune évêque a suivi une école de commerce et a été ordonné dans le cadre des Foyers de Charité -, Mgr Le Gal ne craint pas de trancher dans les situations. Ce qui lui vaut déjà, après vingt-huit mois de responsabilité diocésaine, de solides inimitiés, et d’être un sujet de controverses».

Ainsi, est-il rappelé en note, à l’occasion du débat sur le Pacte civil de solidarité (PACS), que «Mgr Le Gal n’avait pas hésité à critiquer publiquement la position du journal «La Vie» qui avait alors pris ses distances vis-à-vis de la position de l’Eglise». «C’est précisément cette image, conclut «La Croix», qui inquiéterait certains responsables gouvernementaux, parce que la charge d’évêque aux armées, estime-t-on, n’est pas seulement d’ordre religieux mais aussi d’ordre civil. Sans doute ce poste d’évêque est-il le plus avancé sur le terrain sensible des relations entre l’Eglise et l’Etat».

Connu à Fribourg

Originaire du Val-d’Oise, ordonné prêtre le 8 décembre 1982 dans la communauté de Notre-Dame de la Sagesse (association de droit diocésain – Versailles), Patrick Le Gal a fréquenté l’Ecole supérieure de commerce de Rouen (diplôme d’Etude comptable supérieure et maîtrise en droit privé), ainsi que la Faculté de Théologie de Fribourg (Suisse), où il a été ensuite assistant en droit canonique (1982-86). Il a été aumônier de l’Université de Fribourg et juge à l’Officialité du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (1982-85).

De retour en France, il a été avocat près l’Officialité interdiocésaine d’Île-de-France (1986-92), directeur du Foyer de Charité de la Part-Dieu à Poissy (diocèse de Versailles), tout en se consacrant à la prédication et à la formation spirituelle pour jeunes et adultes (1986-1997), ainsi que modérateur de la communauté Notre-Dame de la Sagesse. Il est évêque de Tulle depuis le 7 décembre 1997. (apic/cip/cx/pr)

27 avril 2000 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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