Mécontentement du PSOE et satisfaction du côté du PP

Elections en Espagne: Les évêques déclenchent une tempête en émettant un mot d’ordre

Madrid, 21 février 2000 (APIC) Les évêques espagnols ont déclenché une véritable tempête politique en Espagne en appelant les électeurs à voter le 12 mars prochain pour «les partis qui défendent le mieux le droit à la vie». Le Parti populaire au pouvoir est satisfait… Quant à la gauche, PSOE et communistes réunis, elle clame son mécontentement.

Les socialistes et les communistes espagnols ont vivement protesté contre cette prise de position. Le porte-parole du Parti ouvrier espagnol, Alfredo Perez Rubalcaba, a notamment qualifié lundi cet appel d’»inacceptable», et a reproché aux évêques de favoriser le Parti populaire (PP) au pouvoir. Le PP se défend pour sa part en relevant que les évêques ont le droit d’exprimer leur opinion. Les évêques avaient en outre demandé aux électeurs de se prononcer «pour le moindre mal».

«Voter lors des élections n’est pas seulement un droit civil et constitutionnel, c’est aussi une obligation dont seules de graves raisons peuvent dispenser», disent encore les évêques espagnols dans leur note au sujet du scrutin du 12 mars prochain. La note déclenche aujourd’hui une véritable tempête. Les évêques, qui jugent «profondément injuste» la législation espagnole sur l’avortement, invitent à éventuellement remettre un bulletin nul ou un bulletin blanc.

Se référant à la lettre apostolique «Octogesima adveniens» de Paul VI, l’épiscopat rappelle que si «une même foi peut amener à des engagements politiques différents», on trouve sur un certain nombre de problèmes des propositions électorales qui «touchent directement à des biens moraux auxquels on ne peut renoncer». «Pour voter en cohérence avec la foi que l’on professe, précisent les évêques, on doit avoir le souci de repérer qui encourage et protège de façon efficace les droits fondamentaux de la personne, le droit à la vie, à l’éducation, au travail, au logement, à la santé, à une information correcte et plurielle, sans oublier le respect des opinons et des croyances léégitimes et les droits des minorités ethniques et religieuses».

Six sujets «brûlants»

A la veille des élections du 12 mars, les évêques désirent signaler «six sujets brûlants»: le respect de la vie humaine «depuis son commencement jusqu’à son terme naturel» ; le soutien de la famille; un enseignement de qualité, ce qui suppose en particulier que soit assuré un cours de religion; le développement d’une culture respectueuse des valeurs morales et des croyances religieuses; l’emploi, un salaire juste, l’éthique dans l’économie et l’aide aux plus démunis (immigrés, pays en voie de développement, etc.); la recherche de la paix et le refus de la violence et du terrorisme.

En présentant la note, Mgr Juan José Asenjo, secrétaire de la Conférence épiscopale, a qualifié de «profondément injuste» l’actuelle législation espagnole sur l’avortement, qui «devrai être abolie». Il a aussi exprimé sa contrariété du fait que, «encore une fois, les autorités en charge de la santé se soustraient à leur devoir de veiller sur la ve et sur la santé de tous» en autorisant la pilule RU-486, qui provoque «la suppression de vies humaines innocentes». Aux yeux de Mgr Asenjo, «aucun parti politique ne s’identifie à l’Evangile», et c’est pourquoi le chrétien est invité à découvrir «quel est le parti qui se rapproche le plus du message évangélique et, s’il reste perplexe, à suivre la théorie du moindre mal», sans exclure de déposer un bulletin nul ou un bulletin blanc dans l’urne.

B réactions

«Cette conclusion va trop loin dans le sens de la rupture», estime dans un éditorial l’influent quotidien «El Pais». Ce qui retient l’attention, ajoute-t-il, c’est qu’»une institution qui bénéficie du système lance des messages (théoriques) de désistement politique».

La plupart des partis politiques critiquent de leur côté le message de Mgr Asenjo. «Dieu merci, les Espagnols votent comme ils l’entendent et non comme les évêques le voudraient», a commenté Joaquin Almunia, candidat socialiste à la présidence du gouvernement espagnol. Et Ramon Jaurequi, socialiste lui aussi, d’ajouter: «On ne peut pas aligner automatiquement le code moral sur le code pénal. Nous ne sommes pas des propagandistes de l’avortement comme le prétendent les évêques, et nous leur faisons savoir que leur attitude pèche par manque de charité et d’humanisme. Le bon sens nous dit que personne ne peut préconiser qu’une femme aille en prison du fait qu’elle a interrompu sa grossesse». Felipe Alcaraz, de «Izquierda Unida» (communiste) a de son côté accusé les évêques, lorsqu’ils recommandent l’abstention ou le vote nul, d’essayer d’affaiblir le système démocratique. Quant au Parti Populaire, il a exprimé son «respect» pour l’opinion des évêques, en rappelant que ceux-ci ont le droit, voire leur devoir, de faire des recommandations. (apic/cip/pr)

21 février 2000 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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