Les femmes subissent de graves séquelles au nom de la religion

Corne de l’Afrique: Les mutilations génitales féminines inquiètent l’Eglise catholique

Djibouti, 4 avril 2001 (APIC) Dans la Corne de l’Afrique, toutes les femmes des populations Somalies et Afars ont été excisées (ablation du clitoris), et presque toutes infibulées, à savoir mutilées dans la forme la plus grave, dénonce l’Eglise catholique locale. Elle devrait inscrire ce problème à l’agenda de la prochaine assemblée de la Conférence épiscopale d’Ethiopie en juin prochain. Même des religieux musulmans sont étonnés des souffrances que de telles pratiques faites au nom de la religion infligent aux femmes, handicapées pour le restant de leur vie.

Mgr Georges Perron, évêque de Djibouti, a en effet demandé qu’en juin 2001 la Conférence épiscopale d’Ethiopie discute le sujet des mutilations génitales féminines (MGF), afin de pouvoir faire face d’une façon efficace aux mouvements de population dans la sous-région. Tous les ans une grande partie de la population de Djibouti passe deux à trois mois pendant l’été au-delà des frontières, et souvent les fillettes sont mutilées pendant ce temps.

Les MGF sont une pratique connue dans beaucoup de pays et peuples en Afrique, en particulier dans la Corne de l’Afrique. «Cette partie du monde connaît déjà tellement de disgrâces – famines, misère, guerres – pour n’avoir vraiment pas besoin d’un autre fléau qui endommage les capacités de moitié des gens !», écrit le Père Sandro de Pretis, de Caritas Djibouti.

Une mutilation qui handicape la femme durant toute sa vie, sous prétexte de religion

En effet les MGF ont des effets négatifs tout de suite – il suffit de penser au choc physique et psychologique des blessures – mais surtout à long terme, pendant toute la vie de la femme : kystes, difficulté à uriner, lésions à l’urètre, mortalité à l’accouchement, fistules, etc. «Vu le domaine tellement intime de ces pratiques, et à cause du fait que souvent elles sont considérées comme un précepte de la religion musulmane, jusqu’à récemment personne – sauf exception – n’en parlait», note Caritas Djibouti. Aux yeux de son responsable, il semble toutefois que la mentalité soit en train de changer. On peut désormais commencer de parler des MGF et de leurs dégâts.

La Caritas Djibouti, en liaison au début avec le bureau UNICEF à Djibouti, a pu présenter un document de projet de sensibilisation contre les MGF qui a été adopté par le Ministère de la Santé de Djibouti dans le cadre du programme «Maternité sans risques». La personne responsable du programme, une femme sérieuse, active, capable et motivée, est vraiment la clé pour le succès de ce projet.

«Pour la Caritas Djibouti, écrit son responsable, il est nécessaire d’agir par son intermédiaire. Car dans un milieu musulman, être homme, chrétien et étranger n’est pas la formule la meilleure pour s’avancer sur ce terrain! Mais nous pouvons coopérer avec toute personne qui partage notre point de vue, et il faut dire qu’il y en a, en ce qui concerne les MGF, dans le milieu sanitaire comme dans le milieu religieux.»

Même les imams sont étonnés des dégâts causés par les mutilations génitales

Les résultats sont déjà visibles: pendant plusieurs séminaires la réaction des femmes et des imams a été clairement de s’étonner des dégâts causés par les MGF (même les femmes souvent ne font pas la liaison entre MGF et problèmes gynécologiques!) et de s’en repentir. «Cela fait espérer qu’après quelque temps les médecins puissent constater des organes génitaux intacts dans beaucoup de fillettes!», espère Caritas Djibouti.

Ce projet a été choisi pour commencer une stratégie d’action commune dans la sous-région, étant donné que les populations de Djibouti proviennent surtout de la Somalie du Nord (Somaliland) et de la région avoisinante de l’Ethiopie. Tous les ans une grande partie de la population de Djibouti passe deux à trois mois pendant l’été au-delà des frontières, et souvent les fillettes sont mutilées pendant ce temps. Caritas Somalie a mandaté la Caritas Djibouti de réaliser ce projet en Somaliland, où probablement le changement de mentalité vis-à-vis les MGF est déjà plus avancé qu’à Djibouti. Les actions pour le moment sont limitées à Hargheysa, la capitale du Somaliland, et à Borama, grâce à la présence, à l’engagement, l’autorité morale et la supervision d’une ex-représentante de l’OMS, elle-même Somalienne, et d’une missionnaire italienne qui gère un centre antituberculeux. Des contacts ont été établis aussi avec l’Ethiopian Catholic Secretariat (ECS) et notamment avec l’Harerghe Catholic Secretariat (HCS) dont le territoire confine avec la République de Djibouti. (apic/caritas/be)

4 avril 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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