C’est ce que révèlent des archives de l’Etat italien
Italie: Pie XI considérait Hitler comme l’ennemi n° 1 de l’Eglise
Rome, 7 mars 2001 (APIC) Le pape Pie XI avait prévu, en cas de demande de visite au Vatican de la part de Hitler, qu’il lui soit demandé comme condition sine qua non des excuses publiques pour la persécution que son régime infligeait à l’Eglise allemande. Le pape considéérait Hitler comme «le plus grand ennemi du Christ et de l’Eglise des temps modernes», indique un dossier du ministre italien des Affaires étrangères de l’époque, Galeazzo Ciano.
Selon le journal catholique «Avvenire», qui dépend de l’épiscopat italien, les documents viennent d’être publiés à l’Institut polygraphique de l’Etat par l’historien Gianluca André, professeur d’histoire politique internationale à l’Université de Rome, dans un nouveau volume des «Documents diplomatiques italiens» (1er semestre 1938).
L’»Avvenire» rappelle que l’incompatibilité entre christianisme et nazisme était apparue clairement lors de la «Nuit des longs couteaux» (30 juin 1937), quand Hitler avait fait éliminer les chefs nazis dont il craignait la trahison, mais aussi trois responsables de l’Action catholique allemande: Klausener,Probst et Fritz Beck. La persécution qui s’ensuivit contre les associations et la presse catholiques, en particulier sous forme de procès intentés à des clercs sur fausse dénonciation, avait décidé le pape à condamner le nazisme dans son encyclique «Mit brennender Sorge», qui fut diffusée en Allemagne sous le manteau et lue dans les paroisses catholiques le 21 mars 1937, dimanche des Rameaux.
Pie XI avait évoqué une possible visite de Hitler au Vatican au cours d’une conversation confidentielle, le 7 avril 1938, avec Bonifacio Pignatti, l’ambassadeur du gouvernement fasciste près le Saint-Siège, rappelle l’agence Zenità Rome. Pignatti avait informé Mussolini et son ministre Ciano que Pie XI déplorait «l’apothéose de M. Hitler» qui se préparait à Rome, et comparait le Führer à l’Antéchrist: «La persécution menée contre l’Eglise catholique en Allemagne était son oeuvre, entièrement et seulement sienne, et l’on en savait désormais assez pour pouvoir l’affirmer sans crainte d’un démenti».
Pas mystère
Le Saint-Sièège ne faisait pas mystère de sa position, note Zenit. Et Hitler ne demanda pas à être reçu au Vatican. De fait, lors de sa venue à Rome, le 3 mai 1938, Pie XI était parti ostensiblement à sa résidence d’été de Castelgandolfo, interdisant que l’on hisse le drapeau du Reich sur quelque édifice de l’Eglise que ce soit, et «L’Osservatore Romano» de ce jour-là ne dit rien de la visite, mais publia en première page une déclaration dénonçant le racisme. (apic/cip/zn/pr)