Les détenus étaient balancés à la mer

Chili: La macabre confession d’un ex-agent de la DINA

Santiago du Chili, 1er janvier 2001 (APIC) Un ex-agent de la défunte DINA (»Dirección de inteligencia nacional») chilienne – les services secrets de l’ex-dicatateur Pinochet aujourd’hui inculpé -, a admis que les corps des opposants au régime militaire étaient balancés dans la mer, les pieds attachés à des rails de chemin de fer. L’ex-agent, qui a déposé devant le tribunal de Santiago, est malade et en phase terminale. Sa confession publique a été diffusée mercredi sur les ondes de «Radio Cooperativa», à Santiago.

Le témoignage de ce membre de la police politique de Pinochet vient confirmer ceux des familles des «disparus» entre 1973 et 1978, époque durant laquelle des centaines de milliers d’opposants ont été torturés, tués, emprisonnés ou contraints à l’exil. Ces déclarations interviennent au moment où Pinochet passait son premier jour de détention préventive dans sa propriété de la côte

L’ex-agent, dont l’anonymat a été requis par la justice, a en outre confirmé devant un tribunal de Santiago que les corps de la plus grande partie des détenus dans les camps de torture entre 1973 et 1978 étaient lancés à la mer, enfermés dans des sacs et lestés aux pieds par des traverses de chemin de fer.

L’ex-agent de la DINA a confié au tribunal que l’homme chargé de décider au nom du dictateur du sort final réservé aux détenus n’était autre que l’ex-chef de la DINA, le général Manuel Contreras, sorti de prison il y a une semaine à peine, après avoir accompli une condamnation de 7 ans pour l’assassinat de l’ex-chancelier Orlando Latelier. Contreras se trouve aujourd’hui assigné à résidence, pour deux autres cas sur lesquels enquête le juge Guzman.

L’ex-agent de la DINA a fait une large confession, recueillie dans une vingtaine de pages.

Parmi les détails macabres de la confession, l’ex-agent déclare avoir visité pour la première fois le centre de torture de la «Rue de Londres 38», à Santiago. Il signale une baignoire, au second étage, où se trouvaient pêle-mêle et en quantité des bouts de traverses de chemin de fer récemment coupés. Il dit avoir demandé à un officier responsable du centre la raison de la présence de ces objets. «C’est pour que les ’paquets’ ne flottent pas». «Paquets» étaient en effet le non donnés aux détenus moribonds ou morts que l’on plaçait dans des sacs avant de les larguer dans la mer. (apic/lr/pr)

1 février 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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