Bangladesh: Violentes manifestations d’intégristes musulmans contre la Cour suprême
Les «fatwas» islamistes déclarées illégales
Dacca, 4 février 2001 (APIC) Plusieurs milliers d’intégristes musulmans sont descendus ce week-end dans les rues de Dacca, capitale du Bangladesh, pour protester contre une sentence de la Cour suprême qui a déclaré illégales les «fatwas», les décrets religieux islamique à caractère législatif. Un policier a été lynché et des dizaines d’extrémistes ont été arrêtés.
Les manifestants, qui se sont violemment heurtés à la police, ont réclamé l’interdiction des activités des organisations non gouvernementales (ONG) présentes dans le pays, accusées de violer l’esprit de l’islam. Les ONG auraient une influence négative sur la société et la culture du Bangladesh. Spécialement visées: les actions en faveur de la libération de la femme.
Policier lynché dans une mosquée
Le corps sans vie d’un policier lynché a été retrouvé samedi à l’intérieur d’une mosquée. Plusieurs dizaines d’émeutiers ont été arrêtés. En décembre dernier, la Cour suprême à Dacca a déclaré les «fatwas» illégales, ce qui a mis les fondamentalistes en colère.
Les militants islamiques n’ont pourtant pas pu empêcher samedi la manifestation de soutien à la sentence de la Cour suprême du Bangladesh organisée par l’Association des agences pour le développement du Bangladesh (ADAB). Leur appel à la grève n’a pas effrayé les milliers de manifestants favorables au verdict anti-fatwas.
De nombreux villageois se sont rendus dans la capitale pour manifester leur soutien aux ONG, très actives dans le pays. Elles sont largement vues comme des contre-pouvoirs face à la montée des militants musulmans extrémistes dans les villages à travers le pays. Des groupes islamistes ont menacé de mort les deux juges de la Cour suprême du Bangladesh qui ont décrété, dans un jugement fort remarqué, que tout décret n’émanant pas des instances judiciaires était illégal. La décision de la Cour suprême a été saluée par les grands partis politiques et les organisations de défense des droits de l’homme, mais violemment rejetée par les islamistes qui ont déjà organisé plusieurs manifestations au niveau national. (apic/misna/bcc/be)