Vers un changement de majorité en Uruguay aux prochaines élections ?

En raison de la crise économique qui polarise de plus en plus la société uruguayenne, il paraît quasiment inévitable à José Mujica que le Frente Amplio arrive au pouvoir lors des prochaines élections. C’est l’unique alternative dont dispose le peuple uruguayen pour changer la situation. Lors des dernières élections présidentielles en automne 1999, les partis traditionnels, Parti Colorado et Parti National-Blancos, ont réussi, grâce à un système de ballottage, à gagner. Pour très peu de voix. La prochaine fois devrait être la bonne. «Le gouvernement conservateur ne donne pas de réponses adéquates au pays qui doit faire face depuis plusieurs années à la stagnation économique et à un recul social important. C’est très douloureux pour l’Uruguay qui, jusque dans les années 60, avait les revenus les plus hauts de tout le continent latino-américain», déplore le sénateur uruguayen.

«Si on applique la notion de pauvreté de la CEPAL, la Commission économique de l’ONU pour l’Amérique latine, aux entreprises rurales uruguayennes, près de la moitié d’entre elles sont sous le niveau de pauvreté. Quasiment le 80% de ce que nous achetons à l’extérieur, nous le payons avec les produits de l’agro-exportation – dont les prix baissent – tout en gardant un système monétaire de place financière. Aujourd’hui, pour éviter la récession, nous devrions avoir des prix meilleurs marché pour pouvoir exporter, car l’Uruguay est un pays cher, mais c’est impossible en raison de notre endettement en dollars.»

Le taux de chômage est de 14% – le plus haut de toute l’histoire du pays, le double du taux habituel – et l’inflation de 6%. «L’émigration est devenue une porte de sortie pour le gouvernement, déplore Pepe Mujica. Mais cela ne peut détourner l’attention qu’à court terme. Après la victoire électorale de la droite aux présidentielles, les gens sont partis en masse. En général ce sont des gens qualifiés, des cadres. Ils ont ressenti une forte frustration car ils espéraient le changement. Ces trois dernières années, plus de 300’000 personnes ont quitté le pays, principalement pour l’Espagne et les Etats-Unis. Sur une population de 3,2 millions d’habitants, c’est très élevé. C’est un problème grave pour l’Uruguay, un pays à la population vieillissante, avec une pyramide des âges qui ressemble à l’Europe. Le pays compte moins d’hommes que de femmes, donc il y a moins de familles, moins d’enfants…» (apic/be)

26 février 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!