Congo: Le gouvernement de Kabila interdit le cardinal Etsou de TV
«Journaliste en danger» proteste devant la répression
Kinshasa, 14 janvier 2001 (APIC) Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) à Kinshasa poursuit sa politique d’hostilité à l’égard des responsables de l’Eglise catholique et sa répression à l’égard des dirigeants de la société civile. Le ministre de la Communication de la RDC a interdit jeudi à tous les médias audiovisuels publics et privés, sous peine de suspension, de couvrir la présentation du projet «Le cri du Congo» par le cardinal Etsou, archevêque de Kinshasa.
L’association «Journaliste en danger» (JED) a dénoncé cette nouvelle atteinte à la liberté d’information. Toutes les chaînes de radiotélévision publiques et privées ont ainsi été avisées de la décision du ministre de la Communication, Dominique Sakombi Inongo. De fait, l’archevêque de Kinshasa a présidé jeudi en l’absence des médias audiovisuels, la cérémonie du lancement officiel du projet «Le cri du Congo», une initiative artistique de l’Eglise catholique congolaise pour le rétablissement de la paix en RDC, explique JED.
Le Grand Hôtel de Kinshasa (ex-Hôtel Intercontinental), initialement prévu pour accueillir la manifestation, a fermé ses portes, prétextant une panne d’électricité dans la salle «Congo», pourtant louée par l’archidiocèse de Kinshasa. La manifestation s’est tout de même déroulée, mais dans la cathédrale Notre-Dame du Congo à Kinshasa/Gombe. «L’audiovisuel privé est soumis à très rude épreuve depuis bientôt deux ans, s’inquiète JED. Aucune chaîne de radiotélévision privée ne peut depuis longtemps déjà diffuser des émissions à caractère politique sans l’autorisation préalable du gouvernement».
Arrestations des auteurs d’un document «subversif»
Trois dirigeants de la CNPD (Campagne nationale pour la paix durable en RDC), ont été emprisonnés jeudi à Kinshasa pour avoir signé un appel – qualifié de «subversif» par les autorités – adressé par la société civile à la population congolaise. Les trois hommes sont retenus dans les cellules de l’ANR (Agence nationale de renseignements) de la capitale congolaise sont Bertin Salumu, coordinateur, le professeur Muteba, consultant et Albert Kawumbu, membre du Conseil d’orientation et président de la Lice, la Ligue de conscientisation des électeurs.
Les autorités congolaises relevant que le document intitulé «Peuple congolais, souviens-toi et reprends courage! 16 février 1992 – 16 février 2001: Quel en est encore le sens aujourd’hui?» incite à la subversion. Les autres signataires, des dirigeants de mouvements de la société civile critiques à l’égard de l’autoritarisme du président Laurent-Désiré Kabila, s’attendent à être également arrêtés d’un moment à l’autre.
Il y a neuf ans, la population manifestait contre une autre dictature
Le document incriminé date du 4 janvier dernier. Il rappelle la détermination exprimée par la population congolaise le 16 février, il y a neuf ans, quand, dans la seule ville de Kinshasa, un million de personnes marchèrent pour réclamer la réouverture de la Conférence nationale souveraine (CNS). La manifestation fut noyée dans le sang par le dictateur d’alors, Mobutu Sese Seko, qui ordonna à la garde présidentielle et à l’armée de tirer sur la foule. Les victimes furent nombreuses: des morts, des milliers des blessés, des disparus. Le peuple congolais, peut-on lire dans l’appel du 4 janvier, doit trouver la force de dire «non à la guerre et à ses affres, non à des belligérants qui, à l’Est comme à l’Ouest, le tiennent prisonnier de leurs ambitions et de leur volonté de bénéficier seuls des profits que génèrent les ressources de notre pays; non à quiconque, à l’Est comme à l’Ouest, retarde volontairement et de manière cynique la tenue du Dialogue Intercongolais». (apic/cip/fides/misna/bia/pr/be)