Sion: Près de 15’000 personnes assistent à la «Gay Pride 2001»
Ecône attire une cinquantaine de contre-manifestants
Sion, 8 juillet 2001 (APIC) Alors que près de 15’000 personnes ont assisté samedi à la «Gay Pride 2001» dans les rues de Sion, la Fraternité Saint-Pie X d’Ecône a attiré une cinquantaine de contre-manifestants qui ont prié en silence aux alentours de la cathédrale. Il n’y a pas eu d’incidents entre la foule joyeuse venue assister au défilé de quelque 4’000 homosexuels et le groupe de prière dirigé par l’abbé traditionaliste Henri Wuilloud.
Les militants catholiques proches de la tradition ou fidèles de feu Mgr Marcel Lefebvre considèrent la pratique homosexuelle comme une dépravation et un dérèglement moral. Ils ont prié pour «sauver les âmes» des homosexuels.
Etant donné la polémique déclenchée dans la population valaisanne par l’annonce de ce défilé de gays et de lesbiennes, la police avait déployé un important dispositif de sécurité, mais aucun incident n’a été signalé. Contrairement à d’autres manifestations de ce genre, les organisateurs du cortège de la «Lesbian and Gay Pride & Friends» avaient insisté pour que les participants au défilé ne soient pas vêtus de façon par trop extravagante et provocante, préférant susciter la réflexion que le rejet dans une région encore marquée par la tradition catholique. Les participants ont suivi l’appel lancé par l’organisatrice Marianne Bruchez qui souhaitait une manifestation sans provocation.
Pour l’ancien secrétaire romand de l’association Pink Cross, Yves de Matteis, la polémique a été positive, permettant de créer une sorte «d’électrochoc» dans la population valaisanne. Les organisateurs ont lancé un appel contre les discriminations et l’intolérance dont les homosexuels affirment être les victimes. Malgré des progrès dans la vie quotidienne, les «gays» et lesbiennes estiment qu’ils n’ont pas encore atteint l’égalité des droits.
En mars dernier, la lettre pastorale de carême de l’évêque de Sion avait suscité une vive polémique bien au-delà des frontières cantonales. Mgr Norbert Brunner y parlait à propos de la Gay Pride de «jeu diabolique» et d’une exhibition publique «indigne de l’homme». Dans une déclaration diffusée le 16 mars, Mgr Brunner réaffirmait son opposition au déroulement de la Gay Pride 2001 à Sion, tout en reconnaissant «la légitimité et la pertinence des préoccupations des homosexuels luttant, par ex. sur le plan légal pour la suppression des discriminations injustes à leur endroit.»
Il précisait cependant, dans le quotidien valaisan «Le Nouvelliste», que dans cette lutte, «les homosexuels se laissent séduire par une forme de combat comme la Gay Pride qui ne peut contribuer à l’apaisement des conflits, mais qui rend plus grand encore le fossé de l’incompréhension et augmente le phénomène de rejet». Il jugeait par contre inacceptable l’annonce de l’association catholique conservatrice «RomanDit» publiée le 10 mars dans «Le Nouvelliste» et qui avait suscité d’énormes remous dans toute la Suisse. Dans le même journal, Mgr Brunner s’est dit persuadé que l’homosexualité n’est pas d’origine génétique, «même si cette question, aujourd’hui très controversée, n’a pas de réponse définitive».
Moment de prière et de recueillement organisé par «Chrétiens et Homosexuels»
Dans un communiqué publié dimanche, l’organisation «Pink Cross» à Genève, dont le secrétaire romand est le théologien protestant Jean-Paul Guisan, relève que la prière lors de la Gay Pride «n’a pas été l’apanage des intégristes». En effet, a-t-il déclaré à l’APIC, «un temps de prière et de recueillement a été organisé par un groupe de gays et de lesbiennes chrétiens dans le temple réformé de Sion, généreusement mis à disposition par la paroisse… C’était très émouvant, il y avait une bonne quarantaine de personnes, dont des parents et amis de chrétiens homosexuels». Présents en habits ecclésiastiques, l’abbé Michel Salamolard, de Sierre, et le pasteur Philippe Genthon, de Monthey, ont délivré un message où l’on parle du regard d’amour de Jésus sur «l’autre».
Selon Jean-Paul Guisan, à deux reprises, les organisateurs ont écrit à Mgr Brunner pour tenter de prendre contact, sans obtenir de réponse. «Pink Cross» déclare que c’est la première fois qu’une Gay Pride en Suisse était précédée d’un moment de recueillement, organisé à cette occasion par le groupe C+H (»Chrétiens et Homosexuels») de Dialogai/Genève, en collaboration avec des associations homologues de Suisse alémanique. Il existe en effet une plate-forme «Religion» mise sur pied par l’organisation gay «Pink Cross» et l’organisation lesbienne de Suisse «LOS» à Berne qui met en réseau de personnes homosexuelles – essentiellement catholiques et protestantes – intéressées aux questions religieuses. (apic/com/job/be)