Il rencontre le chef de la communauté druze Walid Joumblatt

Liban: Pas historique du patriarche Sfeir pour la réconciliation au Liban

Beyrouth, 8 août 2001 (APIC) Le Cardinal Nasrallah Pierre Sfeir, patriarche d’Antioche des maronites, a rencontré à la fin de la semaine dernière, Walid Joumblatt, chef des milices druzes, responsables de terribles attaques contre la communauté chrétienne pendant la guerre civile de 1975 à 1990. Cette rencontre est considérée comme un événement historique pour la réconciliation nationale. L’armée libanaise ne semble pas avoir apprécié cette initiative. Elle a opéré hier des rafles et des arrestations dans les rangs de certaines forces chrétiennes libanaises.

Dimanche dernier, le Cardinal Sfeir a encouragé les différentes communautés libanaises à se réconcilier et il leur a demandé d’enterrer les différences qui ont conduit à la cruelle guerre civile qui a ravagé le pays durant 15 ans de 1975 à 1990. «N’importe quel royaume, nation ou ville divisée, finit par causer sa propre ruine», a déclaré le patriarche au cours d’une messe à Deir Al Kamar, dans la région de Chouf, particulièrement touchée par la guerre civile.

Vendredi, le cardinal avait célébré la messe à Damour, une ville détruite il y a 25 ans. C’était la première fois depuis deux cents ans qu’un patriarche maronite se rendait dans le Chouf, au coeur de la montagne libanaise, où la guerre a été particulièrement violente.

Le patriarche avait jusqu’ici refusé de se rendre dans la région car l’Etat n’a pas encore indemnisé les chrétiens meurtris par toutes ces années de violence ni garanti le retour des réfugiés chez eux.

Le cardinal a malgré tout décidé de rendre visite à Walid Joumblatt dont les milices sont accusées d’avoir assassiné plusieurs milliers de personnes et détruit des centaines d’églises et de maisons. Le cardinal Sfeir lui a rendu visite dans sa résidence de Moukhtara pour lui demander d’accélérer le retour des chrétiens chez eux. En 1983 plus de 150’000 chrétiens ont dû abandonné le Chouf.

Le rapprochement entre le patriarche et le chef musulman druze intervient après la prise de position des deux hommes contre la présence syrienne au Liban. La Syrie maintient en effet plus de 30’000 hommes dans le pays.

Coïncidence ou riposte des «services»?

Moins de quarante-huit heures après la fin de la tournée du patriarche maronite, l’armée libanaise, plus précisément les Renseignements militaires, a opéré des rafles dans les rangs du courant aouniste (partisan du général Aoun réfugié en France) et des Forces libanaises (FL). Près de 150 responsables, cadres supérieurs et militants de ces deux formations ont ainsi été arrêtés et conduits dans des permanences de l’armée.

Pour la première fois depuis 1994, deux hauts responsables de l’opposition chrétienne ont été appréhendés dans la foulée. Il s’agit du général Nadim Lteif, représentant officiel du courant aouniste au Liban, et de Toufic Hindi, ancien conseiller politique du leader des FL Samir Geagea. Les arrestations ont eu lieu au cours de perquisitions effectuées par une unité de l’armée, dans les locaux du courant aouniste et des Forces libanaises, à Antelias. Ces rafles ont provoqué un véritable tollé généralisé dans les milieux politiques et parlementaires ainsi que dans les rangs de l’Ordre des avocats de Beyrouth (plusieurs des personnes appréhendées étant membres du Barreau, dont le général Lteif).

Pour la plupart des députés et personnalités politiques, ces arrestations constituent «une riposte des Services de Renseignements au climat politique qui a entouré la visite du patriarche maronite au Chouf.

Le cardinal Sfeir a chargé hier soir le vicaire patriarcal, Mgr Roland Aboujaoudé, d’entreprendre les contacts nécessaires afin de trouver une issue à la situation créée par ces rafles. Le Conseil des évêques maronites devrait très prochainement prendre position au sujet de ces arrestations. (apic/zn/orj/mk)

8 août 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!