Zone sans parfum, le débat est aujourd’hui ouvert au Canada
Canada: Faut-il supprimer l’encens et les parfums dans les églises?
Vancouver, 21 août 2001 (APIC) Plusieurs paroisses canadiennes ont décidé de supprimer l’encens dans les églises et demandent aux fidèles de ne pas abuser de parfums. L’odeur pénétrante de l’encens, des parfums ou autres senteurs utilisés par les fidèles peut présenter des risques pour les paroissiens souffrant de problèmes pulmonaires.
Un Canadien sur cinq souffre de troubles pulmonaires. Plusieurs branches provinciales de l’organisme canadien «Association pulmonaire» se tournent aujourd’hui vers les églises disposées à créer des «zones sans parfums». Interpellées par l’organisation, plusieurs églises de l’île du Prince-Edouard ont accepté la proposition de «zones sans parfums». En Nouvelle-Ecosse, de nombreuses églises ont également supprimé les parfums ou ont créé des zones sans parfums. Fondée en 1900 pour fournir des équipements pour le soin des patients atteints de tuberculose, l’association a aujourd’hui comme but de faire tout ce qui est possible pour «améliorer la santé respiratoire».
«Liturgie porteuse de vie»
La Ligue des femmes catholiques du Canada s’est aussi penchée sur le problème des effets de la fumée et des produits parfumés sur les paroissiens. «La liturgie devrait être porteuse de vie, et non représenter une menace pour celle-ci», estime Chris Ambidge, paroissien de Toronto. «Ceux qui choisissent délibérément de rendre un espace de culte peu accueillant, voire dangereux pour ceux qui souffrent de troubles pulmonaires, me posent des problèmes», ajoute-t-il.
C. Ambidge voudrait «que toutes les barrières qui empêchent les gens de venir au service soient levées». L’accès aux chaises roulantes et les services pour les malentendants sont bien devenus courants dans les églises, ajoute-t-il, même si cela exige un certain investissement. Or, dans le cas des parfums, fait-il remarquer, cela ne coûtera rien.
Michelle Murdoch est enseignante à l’école du dimanche d’une Eglise de Terre-Neuve. Alors qu’elle était âgée d’une trentaine d’années, elle est devenue allergique aux parfums et produits chimiques. Elle a dû alors suivre un traitement contre les allergies et l’asthme qui lui a ôté toute énergie. Elle ne pouvait se déplacer qu’en chaise roulante et ne pouvait plus travailler ni aller à l’église. Cette situation a conduit sa paroisse à supprimer tout parfum dans l’église, où l’on peut lire les avertissements suivants: «L’église Saint-Marc s’efforce d’être une église sans parfums pour que les services soient suivis sans gêne par tous.»
Avis divergeants concernant l’utilisation de l’encens
Naturellement, les opinions divergent concernant l’utilisation de l’encens, reconnaît le Père Anthony Boniface, de l’Eglise catholique de Vancouver. «C’est une question très délicate. Il y a six messes le dimanche et l’encens n’est utilisé que durant une messe», a-t-il précisé en soulignant que les parfums et autres senteurs représentent certainement un plus grand risque que l’encens.
Pour le Père Neil Fernoihough de l’Eglise anglicane de Saint-Jacques, une paroisse «anglo-catholique» qui utilise l’encens depuis sa fondation dans les années 1880, «davantage de fidèles viennent à la paroisse Saint-Jacques à cause de l’encens que le contraire, car peu d’églises anglicanes utilisent l’encens.» Ruth Smith, prêtre anglicane à la retraite du diocèse de l’Ontario, a refusé d’utiliser de l’encens lors des services célébrés durant son ministère. Aujourd’hui, alors qu’elle est assistante en l’église Saint-Thomas, de Kingston, dans l’Ontario, elle ne prend que des bougies non parfumées, car sinon elle ne pourrait terminer le service. (apic/eni/mk)