Fribourg: Une commission de la Constituante veut sortir la catéchèse de la grille scolaire

Pour une «neutralité confessionnelle et idéologique» à l’école

Fribourg, 12 septembre 2001 (APIC) Le groupe «Education et Formation» de la Constituante fribourgeoise propose de sortir la catéchèse confessionnelle de la grille horaire scolaire. Dans un communiqué diffusé le 7 septembre, il propose par contre de confier à l’Etat un enseignement des religions et une éducation aux valeurs qu’elles portent. Le Centre catéchétique fribourgeois souhaite pour sa part maintenir la catéchèse à l’école, afin de toucher le plus grand nombre d’élèves.

Le groupe «Education et formation», formé de membres de la Constituante fribourgeoise, a rendu un premier rapport, débattu en décembre prochain, dans lequel il propose de séparer les tâches de l’Eglise et de l’Etat dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement religieux. Pas sur fond de «laïcité», qui signifierait une distanciation face aux Eglises, mais au nom de la «neutralité confessionnelle et idéologique». Principale conséquence de cette proposition: la catéchèse confessionnelle serait dispensée en dehors des horaires scolaires, de l’école enfantine jusqu’au collège et à l’apprentissage.

Le président du groupe de travail, Stéphane Sugnaux, interrogé par l’APIC, souligne que ce rapport ne cherche pas à mettre une distance face aux Eglises, mais à situer leur rôle, complémentaire, par rapport à l’Etat. Il considère même les connaissances religieuses indispensables à l’épanouissement de l’enfant. Son groupe prône l’instauration d’un cours, donné par les enseignants de l’Etat, destiné à ouvrir les élèves aux valeurs prônées par les différentes religions. «L’école doit dispenser un enseignement qui doit être cohérent dans sa globalité et sous la responsabilité de l’Etat», souligne-t-il.

Difficile séparation des élèves pour la catéchèse

Stéphane Sugnaux déplore le fait que les élèves soient séparés par confession (catholiques et réformés) pour la catéchèse, et certains dispensés sur simple demande des parents ou parce qu’ils appartiennent à une autre religion. Cela ne favorise pas à l’intérieur des classes les valeurs de tolérance et d’amitié qui sont justement prônées par les Eglises.

Le groupe «Education et Formation» estime dans son rapport que sa proposition offre «une chance aux Eglises de se dynamiser, de revendiquer leur existence et leur tâche de formation des futurs membres de leur communauté». «Et, ajoute Stéphane Sugnaux, une catéchèse avec un plus petit groupe d’élèves volontaires et motivés passera mieux qu’une catéchèse donnée à tous».

Lors de la rencontre de la Conférence des évêques suisses, le 6 septembre, Mgr Bernard Genoud, évêque résidant à Fribourg, avait proposé que l’on mette sur pied dans son canton un «cours de valeurs humaines» pour les élèves dispensés de catéchèse. «Un tel cours serait intéressant, mais pourquoi en priver les catholiques et les protestants?», lance Stéphane Sugnaux.

Une perte, pour la directrice du centre catéchétique

La directrice du Centre catéchétique fribourgeois, Catherine Menoud, a déclaré à l’APIC qu’elle souhaitait pour sa part le maintien de la catéchèse dans le cadre horaire scolaire. Elle souligne que les élèves reçoivent justement un enseignement sur les valeurs humaines à travers l’heure d’enseignement confiée aux Eglises.

Elle estime qu’entre 90 et 95% des élèves, toutes religions confondues, suivent la catéchèse confessionnelle dans les classes primaires, soit pratiquement tous les catholiques et les réformés. Et au secondaire, une statistique de 1999 faisait part de 93% de participation. Elle craint une véritable désertion si la catéchèse était donnée après l’école. Ce qui, selon Catherine Menoud, constituerait une véritable perte dans la transmission de valeurs humaines, indispensables à l’épanouissement de chacun.

La directrice du Centre catéchétique rejoint pleinement le message exprimé par les évêques suisses le 6 septembre, dans lequel ils souhaitent que «l’enseignement confessionnel soit assuré dans tous les cantons où la législation le prévoit». Par ailleurs, les évêques entendent «en tous les cas prendre toute leur place dans les débats qui concernent la législation scolaire dans les différents cantons.» (apic/bb)

13 septembre 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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