L’Europe de l’Est: un carrefour dans le trafic des êtres humains
Genève: Nouveau rapport de l’OIM sur le trafic des femmes
Genève, 18 septembre 2001 (APIC) L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) publie son dernier rapport sur le trafic de femmes et de filles pour l’exploitation sexuelle ainsi que des hommes pour le travail dans l’agriculture. Ce type de trafic est un phénomène croissant dans le monde entier. Rien qu’en Europe occidentale, l’OIM estime que presque 500’000 femmes par an sont l’objet de trafic sexuel à partir des régions pauvres du monde.
Des études au Kosovo et en Géorgie montrent que les personnes sont acheminées vers la Grèce, la Turquie, les Etats-Unis, la France, l’Espagne, ainsi que vers d’autres pays européens.
En Europe de l’Est, les femmes sont les premières victimes des changements politiques et économiques des années 1990. Les conséquences les plus dures sont le démantèlement des structures de la sécurité sociale et le chômage. Les femmes sont les premières touchées par ces effets négatifs.
Quant à la pauvreté, elle est essentiellement féminine. Dans la Fédération de Russie les femmes représentent entre 70 et 95% des chômeurs. Pas étonnant que travailler dans les pays d’Europe Occidentale devienne pour elles «un rêve». Les voies légales pour arriver à l’Union Européenne ne sont pas faciles: un terrain idéal pour les trafiquants. Un grand nombre de femmes cherchent du travail, et sont alors «assistées» par ces «négociants» qui leurs proposent de travailler comme danseuses, domestiques ou au «théâtre» dans d’autres pays sans en spécifier les conditions.
Ces femmes sont forcées à la prostitution, à la pornographie et sont utilisées comme «accompagnatrices». Généralement ces jeunes femmes sont logées dans les bars, dans des conditions particulièrement pénibles.
Hommes et femmes, exploités également
Le dernier rapport en Géorgie révèle en outre que les hommes sont aussi exploités pour des travaux d’agriculture à l’étranger. Une fois dans les mains des trafiquants les jeunes perdent leur liberté. Les personnes sont achetées et vendues comme des marchandises. Elles sont traitées comme des esclaves, n’ont droit à aucun type de rémunération. Les conditions d’hygiène sont très précaires et la nourriture limitée.
Les marchands d’êtres humains sont très bien organisés. Surtout, ils comptent avec la passivité des gouvernements et, bien souvent, bénéficient de l’appui de personnalités officielles corrompues, qui leur permettent d’agir en toute liberté.
Généralement, ces jeunes ont moins de 30 ans même si les cas de mineurs ne sont pas rares. Toutes ces personnes, les hommes comme les femmes, affirment avoir été trompées. Près de 20% des femmes assistées par l’OIM au Kosovo déclarent qu’elles ont été enlevées. Les enlèvements ont lieu dans les carrefours et dans les gares. Cette forme de recrutement est particulièrement répandue en Bulgarie.
La «Strada», une organisation non gouvernementale d’Ukraine, a enregistré des dénonciations atroces. Les proxénètes proposent aux jeunes femmes ukrainiennes de travailler dans des restaurants ou dans de grandes familles riches italiennes avec d’excellents salaires. Ils les convainquent de passer par l’ex-Yougoslavie puisque l’obtention des visas est plus facile. Une fois en chemin, la destination finale change, ces jeunes femmes sont forcéées de travailler comme prostituées dans les clubs des bases de l’OTAN ou dans les bases militaires de l’ONU en Bosnie et Herzégovine ou en Croatie.
Quelle solution?
Les experts internationaux discutent sur les définitions à donner à la notion de «trafic», de contrebande et d’exploitation. Ils relèvent qu’il est urgent et fondamentale de s’y atteler afin de pouvoir appliquer des mesures et des politiques pour prévenir le trafic et aider les êtres humains qui vivent ce cauchemar.
Les organisations internationales travaillent pour la prévention, aident les jeunes victimes, accumulent des dénonciations et réclament qu’il est urgent d’en finir avec l’impunité pour les criminels. Les réponses passent par une solution prise à un niveau international. Les experts relèvent enfin qu’une solution au trafic des êtres humains passe pour une amélioration au niveau économique et social dans les pays qui n’offrent actuellement aucune possibilité d’épanouissement aux habitants. Et notamment aux femmes. (apic/iac/pr)