Premières graves divergences dans l’Eglise catholique
Frappes contre l’Afghanistan: Pax Christi critique la position pro-guerre de certains évêques
Erié/Osnabrück, 11 octobre 2001 (APIC) Alors que les frappes anglo-américaines contre l’Afghanistan s’avèrent de plus en plus meurtrières pour les populations civiles, le mouvement catholique pour la paix Pax Christi critique de façon plus ou moins voilée la position pro-guerre de certains évêques. La section allemande de Pax Christi a ainsi exprimé son «incompréhension» face aux déclarations de son président désigné, l’évêque auxiliaire de Hambourg Hans-Jochen Jaschke.
Mgr Jaschke a estimé que les actions militaires américaines n’étaient «pas une vengeance aveugle, mais une action culturelle de la civilisation, une manière d’agir juste contre l’injustice». Le secrétaire général de la section allemande de Pax Christi, Reinhard Voss, a qualifié ces déclarations de «très incompréhensibles» dans une interview destinée aux journaux d’Eglise allemands. Pour R. Voss, les attaques contre l’Afghanistan sont fausses. Mgr Hans-Jochen Jaschke a été désigné le mois dernier comme président de Pax Christi lors de l’assemblée plénière d’automne de l’épiscopat allemand.
Reinhard Voss relève l’appel à la paix et à l’édification de la «civilisation de l’amour» adressé aux chrétiens et aux fidèles des autres religions par Jean Paul II lors de sa récente visite pastorale au Kazakhstan. Dans ce message, le pape plaide pour un monde où n’y aurait plus de place pour la haine, la discrimination et la violence. Mgr Hans-Jochen Jaschke a relevé pour sa part que «la civilisation de l’amour» a seulement une chance de voir le jour «si nous créons l’espace pour elle. En cas de nécessité par la violence».
Les Etats-Unis utilisent à leur tour la terreur
Les Etats-Unis utilisent à leur tour la terreur comme composante de leurs frappes de représailles contre l’Afghanistan, dénonce pour sa part la section américaine de Pax Christi. «Le peuple afghan et d’autres peuples vont se trouver eux-mêmes pris entre ceux qui utiliseraient la terreur pour nous détruire, et notre propre pays qui choisit d’user de la terreur pour nous préserver’’, écrit Pax Christi USA dans une déclaration rendue publique peu après le début des bombardements massifs sur les villes afghanes.
«Nous croyons qu’il n’est pas encore trop tard pour notre pays de revenir en arrière du sentier de la guerre», écrit le mouvement catholique pour la paix. Qui lance un appel aux autorités américaines pour qu’elles concentrent leurs énergies créatrices dans un engagement renouvelé pour édifier «un ordre international basé sur les principes plutôt que sur les intérêts».
Mgr Joseph A. Fiorenza: «notre nation et le monde doivent répondre’’
Pax Christi USA déplore que la liste des objectifs à détruire lors des bombardements comprend des cibles civiles, comme les centrales électriques. Contrairement à son mouvement pacifiste, la Conférence des évêques catholiques des Etats-Unis offre son plein appui au président Bush et à ses actions militaires. Ces dernières ont été qualifiées par son président, Mgr Joseph A. Fiorenza, évêque de Galveston-Houston, de «regrettables mais nécessaires». Après les attentats du 11 septembre, a-t-il déclaré, il est clair que «notre nation et le monde doivent répondre’’.
Voix discordante au sein de Pax Christi, le secrétaire général de la section néerlandaise, Theo Brinkel, a justifié les bombardements sur Kaboul. Dans une intervention à la télévision, il a déclaré qu’après que la paix a été détruite par les attentats terroristes, il est nécessaire de punir les auteurs. La section allemande de Pax Christi estime pour sa part que «l’on ne doit pas répondre aux actes terroristes par la violence et la terreur, encore moins par la guerre.» Un mois après les attentats du 11 septembre, le pape Jean Paul II a lancé jeudi un nouvel appel contre la violence. (apic/kna/cns/be)